Abdoullâh ibnouz Zoubaïr (radhia Allâhou anhou)

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Abdoullâh ibnouz Zoubaïr (radhia Allâhou anhou) est le premier enfant qui naquit chez les musulmans après l’émigration du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) : la nouvelle de sa naissance met un terme à une rumeur mensongère que les juifs de Médine avaient propagées; ils prétendaient en effet avoir jeté un sort sur la communauté musulmane : leurs femmes ne pourraient plus jamais avoir d’enfants… Les Compagnons (radhia Allâhou anhoum) accueillent donc avec une grande joie cette naissance.

Quand sa mère Asmâ (radhia Allâhou anha) –fille de Abou Bakr (radhia Allâhou anhou) et sœur de Aïcha (radhia Allâhou anha)- quitte Makkah pour émigrer au cours de la première année de la hidjrah, elle est déjà presqu’arrivée au terme de sa grossesse. Elle accouche finalement à Qoubâ. On porte alors immédiatement le nouveau-né jusqu’au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), et celui-ci procède à son « tahnîk »: la première chose qui entre dans l’estomac du petit Abdoullâh ibnouz Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) est donc la salive bénie du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam).

Il ne vit pas longtemps en compagnie du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) : quand celui-ci quitte ce monde, il n’a pas encore dix ans. Il rapporte ainsi quelques Hadiths seulement directement du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam); par contre, il en rapporte plusieurs autres par la voie de son père Zoubaïr (radhia Allâhou anhoum), de sa mère Asmâ (radhia Allâhou anha), de son grand-père Abou Bakr (radhia Allâhou anhou), de sa tante Aïcha (radhia Allâhou anha), entre autres…

Abdoullâh ibnouz Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) est réputé depuis son plus jeune âge pour son courage et sa bravoure. Ces qualités, il va par la suite les mettre au service de l’Islam: il n’a pas encore tout à fait dix sept ans qu’il compte déjà parmi les meilleurs soldats de l’armée musulmane.

Ceux qui l’ont côtoyé témoignent également de sa grande piété et, surtout, de sa concentration et de sa dévotion exceptionnelles durant la salât: on rapporte à son sujet qu’il restait immobile si longtemps durant les différentes postures de la prière qu’il arrivait que des oiseaux se posent sur sa tête ou sur son dos comme s’il s’agissait d’un mur.

En l’an 64 de l’Hégire, après la mort de Yazîd ibn Mouâwiya (dont il n’a jamais accepté de reconnaître l’autorité), les gens lui prêtent allégeance: Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) devient ainsi le Calife des musulmans, et son pouvoir s’étend sur la majeure partie des terres musulmanes, depuis Makkah (où il réside) jusqu’à des régions aussi éloignées que Koûfa, Bassorah, le Yémen, une partie de la terre de Châm…

Pendant quelques temps, les omeyyades, dont les partisans restent nombreux à Damas, ne disposent pas de la puissance nécessaire pour s’opposer à Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhou). Cependant, avec l’accession au pouvoir de Abdoul Malik ibn Marwân, la situation change : celui-ci commence progressivement à récupérer et à faire passer sous son autorité des régions entières. Puis, au mois de Dhoul Qa’dah de l’an 72 de l’Hégire, il envoie Hadjâdj Ibn Youssouf à la tête d’une armée pour aller affronter Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhoum) qui a trouvé refuge sur la terre sacrée du haram.

Arrivé sur place, Hadjâdj monte le siège autour de la ville sainte pendant six mois, privant ainsi ses habitants de tout ravitaillement en eau et en nourriture dans le but qu’ils abandonnent leur soutien à Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhou). Durant ce long siège, Hadjâdj harcèle également les mecquois en catapultant régulièrement des pierres sur la ville. Peu à peu, la plupart des partisans de Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) –parmi lesquels deux de ses propres fils- l’abandonnent pour rejoindre les rangs de Hadjâdj. Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) s’entretient alors avec sa mère Asmâ (radhia Allâhou anha) concernant la conduite à adopter. Celle-ci, qui est âgée de plus de cent ans, lui tient les propos suivants: « Ô mon fils, tu connais mieux que quiconque ta situation. Si tu es convaincu d’être dans le vrai et si tu es certain que la cause vers laquelle tu invites les autres est celle qui est juste, alors fais preuve de patience (et continue à lutter) jusqu’à ce que tu trouves la mort dans cette voie. (…) Et si tu sais que, par tout ceci, tu ne cherchais que ce monde, alors quel mauvais serviteur (de Dieu) es-tu : tu t’es détruit toi-même et tu as détruis ceux qui ont lutté à tes côtés. »

Abdoullâh (radhia Allâhou anhou) rassure alors sa mère sur la pureté de ses intentions et des motivations qui ont animé ses gestes. Il lui fait ensuite part de sa préoccupation concernant ce que ses ennemis risquent de faire à son corps après l’avoir tué… Asmâ (radhia Allâhou anha) lui réplique en substance: « Mon fils ! Après qu’on l’ait égorgé, le chevreau ne souffre plus lorsqu’il est écorché ! »

Abdoullâh Ibn Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) est tué le 17 djoumâdâ al oûla de l’an 73 (il est âgé de 72 ans) alors qu’il est en train de faire la salât devant la ka’bah. Après sa mort, Hadjâdj mutile son corps et laisse ensuite son cadavre pendu pendant plusieurs jours en un lieu bien visible de la ville. C’est durant cette période que sa mère, Asmâ (radhia Allâhou anha), lance avec un courage exemplaire à Hadjâdj: « Tu as certes gâché l’existence (de mon fils) ici bas. Cependant, lui a détruit le tien dans l’Au-delà. »[1]

Radhia Allâhou anhou !

Que Dieu l’agréé ! Âmine