Le statut de l’Imâm Abou Hanîfah r.a. dans la science du Hadith (2)
Quelques éléments témoignant des compétences de l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) dans la science du Hadith
(suite et fin. Le début de cet article a été publié ici : Le statut de l’Imâm Abou Hanîfah r.a. dans la science du Hadith)
5- L’Imâm Mouhammad Ibn Youssouf As Sâlihi (rahimahoullâh) 1 écrit dans la biographie qu’il a consacrée à l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) :
« Sache (ô lecteur) – qu’Allah Ta’âla te fasse miséricorde – que, certes, l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh ta’âlâ) compte parmi les grands Houffâdh oul Hadith (savants ayant mémorisé un nombre considérable de Traditions Prophétiques); et il a été mentionné (précédemment) qu’il a acquis (la science) auprès de quatre mille professeurs parmi les tâbi’înes et les autres. Et Al Hâfidh An Nâqid Abou Adillâh Adh Dhahabi l’a cité dans son ouvrage exquis (intitulé) « Tabaqât oul Houffâdh » parmi les (houffâdh) experts en science de Hadith et (, en procédant de la sorte,) il a vu juste et a très bien agi (…)«
(Réf : « ‘Ouqoûd oul Djoum’ân fî Manâqib il Imâm il A’dham Abi Hanifah an Nou’mân » – Page 319, d’après la citation faite dans « ‘Ilm Hadith main Imâm Abou Hanîfah ka Maqâm o Martabah » – Page 10)
6- L’Imâm Adh Dhahabi (rahimahoullâh) affirme au sujet de l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) :
« Il (Abou Hanîfah (rahimahoullâh)) a accordé de l’attention à la recherche des âthâr (terme désignant avant tout les propos rapportés des Compagnons (radhia Allâhou anhoum) et des Tâbi’înes (rahimahoullâh); néanmoins, ce mot est également employé pour désigner les paroles rapportées du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam)) et il a voyagé (pour cette quête). »
(Réf : « Siyar A’lâm in Noubalâ » – Volume 6 / Page 392)
1- L’Imâm Yahyâ Ibn Ma’ïn (rahimahoullâh) (né en 158 à Médine – décédé en 233) compte parmi les savants qui ont le plus appris des Tâbi’ Tâbi’înes. Les plus illustres savants de la science du Hadith ne tarissent pas d’éloges sur ce Hâfidh oul Hadîth dont l’autorité est unanimement reconnue. Ce même Yahyâ Ibn Ma’ïn (rahimahoullâh), qui est aussi un des plus grands maîtres de la science du Djarh wat Ta’dîl (critique et agrément des narrateurs de Ahâdîth), affirme au sujet de l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) :
« Abou Hanîfah (rahimahoullâh) est thiqah dans (la transmission) du Hadith. »
(Réf : « Tahdhîb oul Kamâl » – Volume 29 / Page 424)
Ces propos de Yahyâ Ibn Ma’ïn (rahimahoullâh) sont rapportés par Sâlih Ibn Mouhammad Al Asadiy Al Hâfidh (rahimahoullâh), qui dit les avoir entendus directement.
Analyse des narrateurs de la chaîne de transmission de ce rapport :
- Abou Aliy Sâlih Ibn Mouhammad Al Asadiy (rahimahoullâh) est né en l’an 250 à Bagdad et il est décédé en l’an 293; il a étudié auprès d’illustres maîtres de son époque (comme l’Imâm Ahmad (rahimahoullâh) et l’Imâm Yahyâ Ibn Maïn (rahimahoullâh)). Il est devenu lui-même par la suite un grand Hâfidh oul Hadîth. Ad Dâr ou Qoutniy (rahimahoullâh) affirme à son sujet qu’il est « thiqah » (fiable et digne de confiance). (Réf : « Tadhkirat oul Houffâdh » – Volume 2 / Pages 641-642)
- Pour ce qui est des narrateurs séparant Sâlih Ibn Mouhammad Al Assadiy (rahimahoullâh) de Hâfidh Al Mizzi (rahimahoullâh) (l’auteur qui les a cités dans son « Tahdhîb oul Kamâl »), selon l’analyse de ce dernier, ils ne doivent pas poser problème. En effet, voici ce qu’on peut lire dans l’introduction de son ouvrage :
« Et nous ne mentionnons pas, pour chaque propos (cité dans les pages suivantes) la chaîne de transmission (isnâd) entre nous et celui qui les a tenus (, et ce,) par crainte d’allongement (du contenu de cet ouvrage). (Mais) nous avons (quand même cité certaines chaînes de transmission) occasionnellement afin que le (présent) livre ne soit pas (complètement) vide de isnâd (, restant ainsi fidèle) à l’habitude des imâms qui nous ont précédé. Et (en ce qui concerne justement le propos) dont nous ne citons pas la chaîne de transmission entre nous et celui qui l’a tenu, s’il est (énoncé de façon) tranchée (et affirmative), (cela indique que) nous ne connaissons pas de problème (dans) sa chaîne de transmission (remontant) jusqu’à celui qui l’a énoncé. »
(Réf : « Tahdhîb oul Kamâl » – Volume 1 / Page 153)
Et, le rapport du jugement de Yahya Ibn Ma’ïn (rahimahoullâh) au sujet de l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) est justement énoncé de façon tranchée et affirmative.
2- L’énoncé suivant indique clairement que l’Imâm Chou’bah Ibnoul Hadjâdj (rahimahoullâh) reconnaissait la fiabilité de l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) dans la transmission du Hadith :
Aboullâh Ibn Ahmad Ad Dawraqui (rahimahoullâh) a dit : On questionna Yahyâ Ibn Maïn (rahimahoullâh) au sujet de Abou Hanîfah (rahimahoullâh) alors que (j’étais présent et) j’écoutais. Ibnou Ma’ïn (rahimahoullâh) répondit :
« Il (Abou Hanîfah (rahimahoullâh)) est thiqah (fiable et digne de confiance); je n’ai jamais entendu personne le critiquer (littéralement « le déclarer comme étant « dhaïf » (c’est à dire présentant des faiblesses dans la transmission des Ahâdith) »). Et (nous avons) là Chou’bah Ibnoul Hadjâd (rahimahoullâh) qui lui écrit pour lui ordonner de relater (et de transmettre) les Ahâdîth (qu’il connait). Et Chou’bah (rahimahoullâh)… c’est Chou’bah (rahimahoullâh) (c’est-à-dire que personne n’ignore l’autorité qu’il représente dans le domaine de la critique et de la l’agrément des rapporteurs de Hadith). »
(Réf : « Al Intiqâ Fî Fadhâïl ith Thalâthatil aïm-matil Fouqahâ » – Page 127)
Il est important de rappeler que Chou’bah Ibnoul Hadjâdj (rahimahoullâh) (décédé en l’an 160 de l’Hégire à Bassorah), qui compte parmi les plus illustres Tâbi’ Tâbi’înes, a été qualifié par Soufyân Ath Thawri (rahimahoullâh) de « Amîr oul Mou’minîn fil Hadith » (Commandeur des croyants dans la science du Hadith).
Analyse de la fiabilité de ce rapport :
- Abdoullâh Ibn Ahmad Ad Dawraqui (rahimahoullâh) a été qualifié de thiqah par Ad Dâr Qoutniy (rahimahoullâh) (Réf : « Sou’âlât oul Hâkim » – Volume 1 / Page 121)
3- Ibnou Abdil Barr (rahimahoullâh) cite dans son ouvrage intitulé « Djâmi’ou Bayân il ‘Ilm wa Fadhlihi » (Volume 2 / Page 183) les propos suivants attribués à Aliy Ibnoul Madîni (rahimahoullâh) :
« Abou Hanîfah (rahimahoullâh)… At Thawri (rahimahoullâh), Ibnoul Moubârak (rahimahoullâh), Hammâd Ibn Zayd (rahimahoullâh), Houcheïm (rahimahoullâh), Wakî’ Ibnoul Djarrâh (rahimahoullâh), ‘Abbâd Ibnoul ‘Awwâm (rahimahoullâh) et Dja’far Ibn ‘Awn (rahimahoullâh) ont rapporté de lui. Et il est thiqah (digne de confiance et fiable), sans problème…«
Aliy Ibn Abdillâh Ibn Dja’far Aboul Hassan Ibnoul Madîniy (rahimahoullâh) est né en l’an 261 de l’Hégire à Bassora et il est décédé en l’an 234 (selon le rapport le plus juste) à Samara. Il compte parmi les plus illustres professeurs de l’Imâm Al Boukhâri (rahimahoullâh). Ibnou Hadjar (rahimahoullâh) affirme à son sujet qu’il était le plus savant de son époque dans la science du Hadith et dans l’analyse des failles qui peuvent affecter les chaînes de transmission des Traditions Prophétiques. Abdoul Rahmân Ibnou Mahdiy (rahimahoullâh) disait pour sa part : « Aliy Ibnoul Madîniy est le plus savant des gens concernant le Hadith du Messager d’Allah. »
4- Al Hâkim (rahimahoullâh) a intégré dans son ouvrage intitulé « Ma’rifat oul ‘Ouloûm il Hadîth » un chapitre qu’il a initié en ces termes :
« La connaissance des Imâms thiqât (fiables et dignes de confiance) célèbres parmi les Tâbi’înes et ceux qui les ont suivi »
Et dans ce chapitre, il (rahimahoullâh) cite l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) parmi les Imâms thiqât de Koûfah. (Réf : « Ma’rifatou ‘Ouloûm il Hadîth » – Page 240 et suivantes)
Qu’Allah fasse miséricorde à l’ensemble de nos imâms moudjtahdîn et de nos oulémas qui ont tant œuvré pour transmettre avec rectitude les enseignements du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam).
Âmîne !
Note :
1- Chams oud Dîn Mouhammad Ibn Youssouf As Sâlihi Ad Dimachqui (rahimahoullâh) est un illustre historien et un spécialiste de la science des Hadith du 10ème siècle de l’Hégire. Né à Damas, il est décédé au Caire le 14 Cha’bân de l’an 942 (1536 de l’ère chrétienne). Réf : « Mou’djam oul Mouallifîn » – Volume 12 / Page 131
- Par Mouhammad Patel
- Le 7 mars 2008