« Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez beaucoup… »
عَنْ أَبِي ذَرٍّ قَالَ قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ إِنِّي أَرَى مَا لاَ تَرَوْنَ وَأَسْمَعُ مَا لاَ تَسْمَعُونَ أَطَّتْ السَّمَاءُ وَحُقَّ لَهَا أَنْ تَئِطَّ مَا فِيهَا مَوْضِعُ أَرْبَعِ أَصَابِعَ إِلاَّ وَمَلَكٌ وَاضِعٌ جَبْهَتَهُ سَاجِدًا لِلَّهِ وَاللَّهِ لَوْ تَعْلَمُونَ مَا أَعْلَمُ لَضَحِكْتُمْ قَلِيلًا وَلَبَكَيْتُمْ كَثِيرًا وَمَا تَلَذَّذْتُمْ بِالنِّسَاءِ عَلَى الْفُرُشِ وَلَخَرَجْتُمْ إِلَى الصُّعُدَاتِ تَجْأَرُونَ إِلَى اللَّهِ لَوَدِدْتُ أَنِّي كُنْتُ شَجَرَةً تُعْضَدُ رواه أحمد و الترمذي و بن ماجة
Traduction explicative :
Abou Dharr (radhia Allâhou anhou) dit : Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a affirmé :
« Certes, je vois ce que vous ne voyez pas et j’entends ce que vous n’entendez pas. Et, certes, le ciel craque – et il est en droit de craquer – Par Celui qui détient ma vie dans Sa main, il n’y a pas dans le ciel un espace de quatre doigts qui ne soit pas occupé par un ange avec le front posé en prosternation devant Allah. Par Dieu, si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez beaucoup; vous ne prendriez pas (non plus) plaisir dans l’intimité avec (vos) épouses et vous sortiriez plutôt dans les rues pour implorer à haute voix l’aide de Dieu. (Abou Dharr (radhia Allâhou anhou) ajoute alors : ) « J’aurai aimé être un arbre qui soit coupé (un jour et finisse ainsi son existence). »
(Mousnad Ahmad, Tirmidhi, Ibn Mâdjah)
Commentaires :
La mission première de chaque Prophète (alayhis salâm) consiste à communiquer aux autres serviteurs de Dieu les réalités invisibles qui lui sont montrées par le Créateur et à transmettre les commandements et injonctions qui lui sont transmis par voie de Révélation.
Quant à ceux, d’entre leurs communautés et peuples respectifs, qui acceptent d’apporter foi en lui (alayhis salâm), leur responsabilité consiste à reconnaître comme véridique et à croire tout ce qui leur est transmis par ce Prophète (alayhis salâm), pour ensuite bâtir toute leur existence autour des ces énoncés révélés. En effet, la portée des moyens qu’Allah a doté les êtres humains pour l’acquisition et le développement de la connaissance(comme les capacités sensorielles et la raison…) se limitant à ce seul monde visible (ils ne peuvent accéder directement à la dimension de l’Invisible), ceux-ci ne disposent d’aucune autre alternative pour connaître les réalités de l’Autre monde que d’avoir confiance en l’exactitude et la véracité des informations et données transmises par les Prophètes (alayhimous salâm).
Le début du présent Hadith met en valeur une des sagesses liées à cet état de fait : Allah ayant destiné l’humanité à une mission de gérance dans ce monde et la réalisation de celle-ci n’étant possible que si les Hommes sont en mesure de vivre sereinement ici-bas, c’est notamment pour cette raison que les réalités terrifiantes d’al âkhirah (telles que le nombre inouï de créatures complètements soumises à Allah qui peuplent l’immensité des cieux, ou les conditions terribles du Jour Dernier, ou encore les horribles châtiments de la tombe et de l’Enfer …) ont été dissimulées de la plupart des gens.
En effet, comme l’indique le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), si celles-ci étaient directement accessibles aux capacités sensorielles de chacun, personne ne pourrait plus mener une existence digne de ce nom. Les gens en arriveraient à perdre complètement goût à la vie, à un point tel, comme le souligne le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam), qu’ils ne seraient même plus en mesure de s’acquitter de leurs devoir conjugaux. C’est toute leur activité quotidienne qui serait ainsi interrompue, leur unique préoccupation étant de se préparer à affronter ce qui les attendent dans al âkhirah, depuis les premières étapes de la tombe jusqu’aux scènes terrifiantes du Jour Final… Et, dans ces conditions, il ne leur serait plus possible de mener à bien la très importante mission qui leur a été confiée.
D’ailleurs, la crainte d’al âkhirah qu’inspirait ces propos du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) sur le Compagnon (radhia Allâhou anhou) qui les rapporte était telle que, parfois, celui-ci disait qu’il aurait aimé être un simple arbre, dont l’existence prendrait définitivement fin lorsqu’il serait coupé (et qui n’aurait ainsi pas à être confronté au jugement et à la rétribution de l’Au-delà).
En ce qui concerne le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) (comme pour les autres Prophètes (alayhimous salâm) d’ailleurs), les choses étaient bien différentes : La réalisation de sa mission nécessitait qu’il (sallallâhou alayhi wa sallam) devienne un témoin visuel de bon nombre de réalités de l’Autre Monde. Cependant, dans Sa Sagesse Infinie, Allah a si bien raffermi et renforcé le cœur de Son Messager (sallallâhou alayhi wa sallam) que, malgré tout ce qu’il (sallallâhou alayhi wa sallam) a pu voir et entendre, il (sallallâhou alayhi wa sallam) a continué à mener une existence si parfaite et équilibrée ici-bas, que celle-ci constituera jusqu’au Jour Dernier un modèle et une référence pour l’ensemble de l’espèce humaine…
Le contenu de cette Tradition doit exhorter chaque croyant et croyante à faire un effort permanent pour essayer de vivre respectant les injonctions divines, et ce, par le rappel constant de l’insignifiance du dounyâ –ce monde- (et de tout ce qui y est lié) face à l’immensité de l’Autre –al âkhirah. C’est cette dynamique qui, Incha Allah, permettra à chacun de protéger la vitalité de son cœur et de sa conscience (dont l’un des témoins est la diminution du rire et l’augmentation des pleurs par crainte d’Allah) et contribuera à ce qu’on ne se laisse pas tromper par les attraits et les plaisirs éphémères de ce monde apparent.
(Adaptation française d’un passage du « Ma’ârif oul Hadîth » de Cheikh Mandhoûr Nou’mâni (rahimahoullâh))
- Par Mouhammad Patel
- Le 15 août 2007