Pourquoi ne pas adopter un calendrier unique pour tous les musulmans du monde ?

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Question:N’y a-t-il pas un moyen d’éviter tous les problèmes qui se posent chaque année au début ou à la fin du Ramadhân en ce qui concerne les dates… ? On se retrouve ainsi très souvent avec des pays qui commencent avant d’autres le mois sacré ou même différentes communautés d’une même région qui ne jeûnent pas en même temps…

Réponse: En effet, l’idéal aurait été que tous les musulmans du monde suivent un seul et unique calendrier, en jeûnant et en célébrant les fêtes religieuses au même moment; mais cela est impossible aussi bien d’un point de vue pratique que juridique.

  • D’un point de vue pratique d’abord, les différentes régions du monde se différencient par des décalages horaires plus ou moins importants en fonction de la distance qui les sépare. Ainsi, lorsqu’il fait nuit à l’île de la Réunion, la journée débute tout juste aux Etats-Unis. Avec un tel décalage, il est déjà impossible de concilier le début du Ramadhân ou le jour de « Ide » entre ces deux régions. Et ce n’est là qu’un exemple. C’est donc là un premier obstacle à une éventuelle uniformisation des dates.
  • Mais beaucoup plus important que cela, il y a l’aspect juridique: Les dates islamiques doivent être déterminés par la vision du croissant lunaire. Le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) disait en ce sens (au sujet du début du Ramadhân): « Jeûnez à sa vision (c’est à dire à partir du moment où vous verrez le croissant lunaire) et arrêtez de le faire à sa vision. » Comme la possibilité de vision de la lune varie en fonction de l’éloignement des pays, il est donc tout à fait logique que l’on se retrouve avec de multiples calendriers, et donc des débuts de Ramadhân et des fêtes à des dates différentes.

(Vous trouverez à l’adresse suivante un article en anglais rédigé par Moufti Taqi Ousmâni qui évoque justement la question des tentatives d’uniformisation du calendrier islamique pour tous les musulmans du monde:http://www.ummah.net/moonsighting/fatawah/isnaqa.htm .)

Cependant, cette différence n’est justifiée et n’est acceptée par les savants que pour les pays qui sont très éloignés les uns des autres (comme l’Espagne et l’Arabie Saoudite, mais aussi l’Indonésie et le Maghreb. Ces deux exemples ont été cités par Dr Wahbah Zouhayli dans « Al Fiqh oul Islâmiy » Volume 2 / Page 606). Autres exemples de pays que l’on peut considérer comme « très éloignés » et qui ne peuvent donc calquer mutuellement leur calendrier: L’Arabie Saoudite et la France; l’Arabie et l’Angleterre…

Pour les contrées qui sont proches (comme l’Inde et le Pakistan…), la quasi-totalité des savants (seuls les savants de l’école châféite ont une opinion différente sur la question) affirment que si le croissant lunaire a été vu à un endroit, et que le témoignage de cette vision a été rapportée correctement aux musulmans résidant dans les régions ou les pays avoisinants, il leur sera nécessaire de suivre ce témoignage et donc de s’aligner par rapport à cela. Une résolution en ce sens a été publiée par l’Académie Islamique du Fiqh à la suite de la session qui s’est déroulée du 11 au 16 Octobre 1986 en Jordanie. (Le compte rendu de cette session est présente dans « Al Fiqhoul Islâmiy » / Volume 9 / Pages 493-519.)

C’est pourquoi donc, il n’est pas question de voir (comme c’est malheureusement le cas assez souvent dans de nombreux pays) des mosquées distantes de quelques kilomètres seulement débuter le Ramadhân (ou célébrer le « Ide »…) à des jours différents. A vrai dire, dans ce genre de cas, le problème vient d’ailleurs; il tient dans le fait que certaines mosquées adoptent le calendrier saoudien, tandis que d’autres choisissent de suivre leur propre calendrier basé sur leurs calculs ou établi en fonction de leur pays d’origine (pour les musulmans qui résident en Occident et qui sont originaire du Maghreb par exemple); d’où les divergences qui apparaissent. Dans ce genre de situation, il incombe aux musulmans d’essayer d’œuvrer pour l’établissement d’un calendrier unique et commun pour les pays qui ne sont pas très éloignés. Pour cela, l’idéal serait d’arriver à créer une institution, regroupant des membres des différentes communautés et des diverses tendances musulmanes, ayant pour objectif de recueillir, vérifier et confirmer les témoignages des personnes ayant vu le croissant lunaire, et d’établir par la suite un calendrier commun, qui serait accepté unanimement par tous les musulmans du (ou des) pays concerné(s).

Wa Allâhou A’lam !

Et Dieu est Plus Savant !