Plusieurs voies pour la Réussite ?
Question(discutée sur le Forum) : J’ai pu constater dans ma vie de tous les jours, que les musulmans sont divisés sur la méthode à suivre pour arriver à l’agrément d’Allah.
1) Certains pensent que la priorité actuelle est de combattre les gouvernants afin d’instituer des états islamiques,
2) Pour d’autres la priorité est d’éduquer les musulmans sur l’unicité d’ALLAH et de s’éloigner des innovations,
3) D’autres jugent qu’il est préférable de suivre la méthode de Jamât out Tabligh,
4) Certains pensent que la première chose à faire est de prendre des places importantes dans la société où nous vivons et en politique, de créer en quelque sorte tout un tissu associatif, politique et social afin de prendre le pouvoir si s’est un pays musulman.
Je ne cite que quelques exemples qui me viennent en tête et bien sûr la liste n’est pas exhaustive. (…)Ma question est: Peut-on considérer qu’il existe plusieurs chemins possibles en Islam pour réussir dans ce bas monde et dans l’au-delà ou au contraire une seule voie est à privilégier et les autres à rejeter/tolérer/dénoncer ?Je précise que par « voie », je désigne un chemin, une méthode sur laquelle on se base et non pas une adhésion dans la jurisprudence à une école.
Qu’ALLAH nous guide sur le chemin de ceux qu’Il a agrée. Amine
Éléments de réponse: En guise d’introduction, je pense qu’il convient de bien clarifier un point essentiel:
– Il faut absolument éviter de faire l’amalgame entre la méthodologie que l’on adopte pour suivre une voie, et cette voie elle même. Si cette dernière ne peut qu’être unique, car conduisant vers un Seul But, les méthodes pour la suivre peuvent, par contre, être multiples…
A partir de là, il convient de préciser que la relative nouveauté d’une méthodologie en Islam ne peut être une cause poussant au rejet de cette méthodologie et sa qualification de « Bid’ah », (innovation blâmable). A partir du moment où la méthodologie repose sur des principes qui étaient appliqués par le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) à l’époque de la Révélation et par les Compagnons (radhia Allâhou anhoum), elle peut tout à fait varier en fonction de l’époque, du contexte et des priorités.
En d’autres mots, la voie est unique, mais la méthode de la suivre et d’essayer d’y rester le plus fidèle au niveau des actions communautaires en toute situation peut varier selon les individus et le contexte (ex: son emploi du temps, ses aptitudes, ses affinités etc..), à condition de respecter les limites fixées (au niveau des croyances notamment) et à ne pas s’égarer des principes qui caractérisent cette voie.
Celui qui désire suivre complètement l’enseignement de l’Islam se doit d’agit à tous les niveaux; et s’il ne peut le faire, alors la moindre des choses, c’est d’encourager ceux qui agissent dans les domaines où lui fait preuve de défaillance, en vertu d’une répartition des tâches et des responsabilités nécessaire à cause de nos faiblesses.
Exemple: Le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam), arrivé à Madinah, au niveau de la communauté, était actif dans:
- La réforme spirituelle des individus, l’invitation envers la reconnaissance de l’Unicité d’Allah, la formation des musulmans et des musulmanes etc…
- L’entraide envers autrui, l’amélioration des conditions sociales des habitants de la cité etc…
- La gestion des affaires communautaires, mais aussi la vie politique de Madinah et les relations envers les autres entités qui vivaient autour de Madinah etc…
- La direction des affaires militaires lors des expéditions contre certaines tribus arabes.
Et j’en passe…
A partir de là:
- Celui qui ne s’attache qu’à la formation en science religieuse des musulmans et musulmanes, en sus de sa pratique individuelle obligatoire, ne suit qu’un aspect de l’enseignement du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam).
- Celui qui ne se soucie que de la propagation de l’Islam et de la « Da’wah », en sus de sa pratique individuelle obligatoire, ne peut prétendre suivre de façon complète la voie du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam).
- Celui qui n’agit qu’au niveau des actions sociales, en sus de sa pratique individuelle obligatoire, ne suit que d’une manière partielle la pratique du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam).
- Celui qui s’intéresse uniquement à la protection de la « Oummah » contre les agressions (physiques ou intellectuelles), en sus de sa pratique individuelle obligatoire, ne fait que pratiquer un aspect spécifique de l’enseignement du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam).
Etc…
On peut aller plus loin:
- Celui qui propage la science uniquement par le biais de cours dans la mosquée agit de façon partielle.
- Celui qui propage la science uniquement par le biais d’ouvrages et de publications agit de façon partielle.
- Celui qui propage la science en allant à la rencontre des gens dans la rue pour leur parler de la grandeur d’Allah et les inviter à fréquenter plus souvent les mosquées afin de mieux connaître leur religion agit de façon partielle.
Peut-on pour autant dire que chacun de ces individus est en faute ? Je ne pense pas…
Vu les occupations des uns et des autres, et le peu de temps que les gens ont pour se consacrer aux affaires islamiques, l’alternative est bel et bien l’entraide, la coordination et la coopération entre les différents groupes qui s’attachent de façon particulière à un des points cités…
C’est le principe qui ressort d’ailleurs assez clairement du verset suivant du Qour’aane:
« Les croyants n’ont pas à quitter tous leurs foyers. Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne viendraient-il pas s’instruire dans la religion, pour pouvoir à leur retour, avertir leur peuple afin qu’ils soient sur leur garde »
(Sourate 9 / Verset 122)
Une chose est sûre: Ce n’est pas en luttant les uns contre les autres que les mouvements qui sont dans la rectitude, c’est à dire qui suivent les principes établis par le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) de la façon comprise par les Compagnons (radhia Allâhou anhoum), tout en adoptant une méthodologie spécifique, qui évidemment ne fait partie du culte et de l’adoration et qui est motivée par certaines nécessités, feront progresser la communauté et suivront l’exemple du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam).
Wa Allâhou A’lam !
Et Dieu est Plus Savant !
- Par Mouhammad Patel
- Le 27 août 2001