Le darss du Tarâwîh (4)

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Nous avions cité, lors du premier darss du Tarâwîh, des versets du Qour’aane qui présentait cinq qualités importantes des mouttaqoûn (les pieux, ceux qui ont développé la crainte révérencielle d’Allah). Dans un des passages qui a été récité hier soir, d’autres précieuses qualités des mouttaqoûn sont mises en avant.

وَسَارِعُوا إِلَى مَغْفِرَةٍ مِنْ رَبِّكُمْ وَجَنَّةٍعَرْضُهَا السَّمَاوَاتُ وَالْأَرْضُ أُعِدَّتْ لِلْمُتَّقِينَ

Il est ici ordonné aux croyants de concourir au Pardon de leur Rabb (Seigneur –  ce qui implique bien évidemment se soumettre à Lui et de Lui obéir) et au jardin du Paradis qui est large comme les cieux et la terre et qui a été préparé pour les mouttaqoûn,  qui sont alors décrits dans les deux versets suivants.

الَّذِينَ يُنْفِقُونَ فِي السَّرَّاءِ وَالضَّرَّاءِ

1) Ils dépensent de leurs biens dans les voies qui plaisent à Dieu, et ce, que ce soit dans l’aisance ou dans l’adversité, c’est-à-dire en toute circonstance. Rien ne peut ainsi freiner leur bienveillance envers les créatures d’Allah et leur générosité, qui sont alimentées par leur amour du bien et par leur conviction profonde aux mérites promis dans l’Autre Monde. Cette première qualité des mouttaqoûn constitue déjà, pour eux, un solide rempart contre le Feu, comme l’indique le Hadith dans lequel le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) dit en ce sens : « Protégez-vous du Feu, neserait-ce en donnant (en aumône) un morceau de datte ! »(Boukhâri et Mouslim)

وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ

2) Ils maitrisent leur colère, aussi violente puisse-t-elle être, et ne laisse pas celle-ci s’exprimer dans leurs actes et leurs propos. Et cette maitrise n’est pas liée à une quelconque impuissance ou faiblesse : le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wasallam) ne disait-il pas en ce sens que le fort n’est pas celui qui arrive à avoir le dessus sur les autres en se battant, mais le fort est celui qui arrive à se contrôler dans la colère ? (Sens d’un Hadith présent dans les Sahîh de Boukhâriet Mouslim)

Dans un autre Hadith, le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) nous a enseigné que, la colère résultant d’une influence satanique, un des moyens pour l’apaiser est de faire les ablutions. (Sens d’un Hadith dhaïf des Sounan Abou Dâoûd) Et dans autre Tradition encore, il est dit en substance qu’Allah remplit de sérénité et de foi (imân) le cœur de celui qui domine sa rage alors qu’il a la capacité de la laisser s’exprimer. (Sens d’un Hadith dhaïf cité dans le Moussanaf Abd al Razzâq)

وَالْعَافِينَ عَنِ النَّاسِ

3) Les mouttaqoûn ne maitrisent pas seulement leur colère : ils font preuve également de pardon envers ceux qui leur cause du tort… alors que, là encore, ils ont la capacité de rendre la pareille. En d’autres mots, ils écartent leur colère… mais aussi tous les effets négatifs que celle-ci peut créer chez eux (amertume, rancœur, rancune…). Il est rapporté en ce sens dans un Hadith que le jour du Jugement, l’appel suivant sera lancé :« Que celui dont la récompense revient à Allah se mette debout ! » On se demandera alors qui sont ces gens. La réponse sera : « Ceux qui pardonnaient aux gens. » Des milliers de personnes se lèveront alors et entreront au Paradis sans rendre de compte. (Extrait d’un Hadith dhaïf cité par At Tabrâni)

وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ

Et Allah aime ceux qui font preuve de bienveillance et de ihsân, en répondant au mal de façon positive. Quand on revient vers la vie de nos pieux prédécesseurs, on constate combien ils étaient imprégnés de ces nobles qualités. Il est par exemple rapporté au sujet de Ali fils de Housseïn (rahimahoullâh) que, une fois, une de ses esclaves se mit à lui verser de l’eau pour les ablutions. Le récipient qu’elle tenait lui échappa des mains et blessa Ali (rahimahoullâh), qui leva la tête vers elle.

Elle lui dit alors (en citant le présent passage coranique) : « Allah dit (enparlant des pieux) qu’ils dominent leur rage. »

Ali (rahimahoullâh) répliqua : « J’ai dominé ma rage. »

Elle ajouta : « Et ils pardonnent aux gens. »

Ali (rahimahoullâh) dit : « Allah t’a pardonné. »

Elle ajouta encore : « Et Allah aime les bienfaisants. »

Ali (rahimahoullâh) dit : « Va ! Tu es libre ! » (Cité dans Chou’ab al Imân –Bayhaqi)

وَالَّذِينَ إِذَا فَعَلُوا فَاحِشَةً أَوْ ظَلَمُواأَنْفُسَهُمْ ذَكَرُوا اللَّهَ فَاسْتَغْفَرُوا لِذُنُوبِهِمْ وَمَنْ يَغْفِرُ الذُّنُوبَإِلَّا اللَّهُ وَلَمْ يُصِرُّوا عَلَى مَا فَعَلُوا وَهُمْ يَعْلَمُونَ

Enfin, dernière qualité des mouttaqoûn : quand il leur arrive de commettre une quelconque turpitude (dont le mal s’étend à autrui, comme le ribâ, le vol, la médisance…) ou de se causer à eux même quelque préjudice (en faisant un péché qui n’implique que leur personne), ils adoptent deux attitudes :

  • ils se souviennent de Dieu (de Sa Majesté, Sa Grandeur) et demandent pardon pour leurs péchés en sachant pertinemment que personne d’autre qu’Allah ne pardonne les péchés.
  • ils ne persistent pas sciemment dans le mal qu’ils ont fait. L’une des conditions du repentir tient en effet dans le fait de prendre la résolution ferme de ne plus commettre le péché…

Pour ces mouttaqoûn, la promesse divine est la suivante :

أُولَئِكَ جَزَاؤُهُمْ مَغْفِرَةٌ مِنْ رَبِّهِمْ وَجَنَّاتٌ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا وَنِعْمَ أَجْرُ الْعَامِلِينَ

« Ceux-là ont pour récompense le pardon de leur Seigneur, ainsi que les Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement. Comme est beau le salaire de ceux qui font le bien ! »

Qu’Allah nous compte tous parmi « ceux qui font le bien ». Âmîne !

Wa AllâhouA’lam !

(Source : « Tafsîr Mounîr »)