Islam, Imân et Ihsân : Les trois clés du succès… (2)
(La 1ère partie de cet article a été publiée ici)
Apporter foi en Allah (‘azza wa djalla) signifie essentiellement trois choses :
- Croire en Son existence (al îmân bi woudjoûdih). L’ordre sublime et l’organisation sans faille qui réside dans le cosmos (depuis l’infiniment petit jusqu’à l’infiniment grand), la grande complexité qui caractérise tout organisme vivant (humain, animal ou végétal), la diversité extraordinaire que l’on trouve dans la forme des créatures (qui pourtant sont toutes composées des mêmes éléments de base)comptent parmi les preuves les plus manifestes de l’existence d’un Dieu. [1]
Quand un bédouin s’était mis à se questionner au sujet d’une preuve éventuelle de l’existence de Dieu, il avait fini par se dire :
« Certes les excréments témoignent de la présence d’un chameau, les traces de pas témoignent du passage (de quelqu’un)… Quoi, un ciel chargé de constellations, une terre avec des vallées spacieuses, une mer pleine de vagues ne témoigneraient-ils pas de la présence d’un (Créateur) Doux et Omniscient ? » [2]
A une occasion, des libres-penseurs (zanâdiqah) questionnèrent l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) au sujet de l’existence d’un Créateur. Il (rahimahoullâh) leur répondit : « Laissez-moi. Je suis en train de réfléchir au sujet d’un bateau plein de marchandises qui voguerait sur l’eau sans personne pour le surveiller ni le diriger; malgré cela, il continue à circuler, à effectuer des allers et retours, en se déplaçant de lui-même et en fendant de grandes vagues, jusqu’à ce qu’il arrive à s’en sortir pour partir là où il le désire sans l’aide de qui que ce soit. » Ses interlocuteurs lui firent remarquer : « C’est là une chose qu’aucun être sensé ne pourrait soutenir ! » Il (rahimahoullâh) leur dit alors : « Malheur à vous ! Toutes ces choses qui existent, qu’elles soient lointaines ou proches (ou au dessus et en dessous), (affirmeriez-vous) qu’elles n’ont aucun Créateur ? » Les libres-penseurs restèrent sans voix et revinrent vers la Vérité.[3]
Quand à l’Imâm Ach Châféï (rahimahoullâh), lorsqu’on lui avait questionné concernant le Créateur, il avait répondu en substance : « La fleur du mûrier sert d’aliment à la chenille du bombyx, qui l’utilise pour produire de la soie. Elle est butinée par l’abeille qui en produit du miel. Elle est broutée par les moutons, les bœufs et le bétail, qui la rejette sous forme d’excréments. Le cerf la mange également et se forme alors en lui du musc. Pourtant, il s’agit à chaque fois d’une seule et unique chose… »[4]
Ce n’est pas sans raison qu’Allah invite l’être humain en de nombreux endroits du Livre Sacré à méditer sur la création qui l’entoure… Il dit notamment :
Certes la création des cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue en mer chargé de choses profitables aux gens, dans l’eau qu’Allah fait descendre du ciel (et)par laquelle Il rend la vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes de toute espèce, dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne.
(Sourate 2 / Verset 164)
N’avez-vous pas vu comment Allah a créé sept cieux superposés et y a fait de la lune une lumière et du soleil une lampe ? Et c’est Allah qui, de la terre, vous a fait croître comme des plantes, puis Il vous y fera retourner et vous en fera sortir véritablement. Et c’est Allah qui vous a fait de la terre un tapis, pour que vous vous acheminiez par ses voies spacieuses.
(Sourate 71 / Versets 15 à 20)
Pourtant, combien il est étonnant de constater que les découvertes constantes dans le domaine scientifique ont, le plus souvent, pour conséquence d’éloigner des chercheurs de la reconnaissance du Créateur. Il semblerait que leurs capacités de réflexion et de déduction soient aveuglées par la trop grande clarté des Signes de la présence de Dieu, tout comme une quantité de lumière trop importante aveugle l’œil humain et l’empêche de discerner ce qui s’offre à lui.
Pour le croyant néanmoins, le progrès scientifique, loin de l’éloigner de la foi, ne fait au contraire que la renforcer : celui qui a la conviction de l’existence d’Allah considère en effet le fruits des découvertes comme étant des éléments du processus global mis en place par Dieu pour l’organisation de l’Univers ; au fond, le Tout-Puissant est et reste le Créateur Unique et le Garant du bon déroulement des phénomènes de la nature. Il est tout à fait absurde d’affirmer que la science seule explique tout. A vrai dire, celle-ci se contente de nous éclairer, jusqu’à une certaine limite, sur le « comment » des choses ; mais elle reste muette sur l’origine et le « pourquoi » de celles-ci : d’où viennent par exemple les signes distinctifs présents en chaque être humain, comme ses empreintes digitales ou sa signature génétique ?[5] D’où proviennent la conscience et le psychisme humains, ou encore l’intellect et le génie créateur de l’Homme ? Dans le monde animal, qu’est ce qui a permis le développement des millions d’espèces d’animaux et d’insectes qui peuplent notre planète ? Comment expliquer la présence des extraordinaires aptitudes d’orientation des migrateurs ? Qu’est ce qui est à l’origine de l’extrême diversité et de la grande beauté des formes colorées qui ornent les ailes des papillons ? D’où les fourmis et les abeilles tiennent-elles leur modèle d’organisation et de répartition des tâches remarquables ? Pour ce qui est des végétaux, comment expliquer l’extraordinaire variété des formes et des fonctions des plantes ? D’où les fleurs tiennent-elles les superbes motifs qui ornent leurs pétales ou le parfum si doux qu’ils dégagent ?[6] Au niveau de l’atome, qu’est-ce qui est à l’origine des variations qui s’opèrent de façon constante et à intervalle régulier au sein d’un atome comme le Césium 133 ?[7]… Et c’est ainsi une infinité de questions de ce genre que l’on peut se poser à la seule observation de ce qui nous entoure… Quel être doué de raison peut-il accepter que, à partir d’une soupe primitive riche en molécule, une succession de phénomènes dirigée par le seul hasard ait pu engendrer (même après des milliards d’années et autant de milliards de transformations, de réactions chimiques, d’évolutions etc.) une telle diversité, complexité, organisation, précision, beauté et perfection ?…
A ce sujet, les propos suivants d’un non musulman [8] méritent d’être cités pour leur pertinence :
« Arrêtez-vous quelques instants pour penser à ce qui suit. Réfléchissez à tout ce qui s’accomplit autour de vous dans la nature, à la fois sur la terre et dans les cieux.
Considérez en premier lieu toutes les différentes sortes de planètes, d’étoiles et de galaxies. Chacune est une merveille en soi. En second lieu, contemplez toutes les différentes espèces de plantes qui existent sur la Terre aujourd’hui. Il y en a des millions, toutes différentes par la couleur, la forme, la grandeur, la taille et chacune ayant une longévité qui lui est propre, etc. (…)
Toute la nourriture qui existe sur Terre aujourd’hui est parfaitement adaptée à la consommation humaine ou animale selon le cas. Elle est constituée de telle façon qu’elle contient exactement les éléments en bonne proportion pour soutenir la vie des êtres à qui elle est destinée. (…)
Ensuite considérez le quelque million d’espèces d’animaux qui existent, sans compter les millions d’insectes. (…) La diversité dans leur couleur, leur forme, leur taille, leur beauté, leur longévité, etc. est comparable à celle des plantes.
Que voulons-nous prouver ? Aussi fascinant, merveilleux, beau et étonnant que sont toutes ces choses, il n’y a sûrement rien de plus fantastique que l’intellect humain. C’est le sommet absolu chez tous les organismes vivants. (…)
Réfléchissez maintenant à tout ce que l’humanité a réalisé à ce jour. Elle a pu construire des maisons, inventer le téléphone, les trains, les automobiles, les avions et les fusées, les ordinateurs, les « fax » et toutes sortes d’autres appareils sophistiqués extrêmement complexes et utiles.
Toutefois il y a une limite à ce génie créateur. Personne, ni vous ni moi, ne pouvons créer quelque chose d’aussi merveilleux que l’intellect humain. Tout ce que l’homme crée est inférieur aux capacités de son propre intellect. Essayez de trouver une chose faite par l’homme qui soit supérieure à l’intellect qui l’a créée. Vous n’y arriverez pas.
Voici maintenant la question. Qui ou quoi a créé votre intellect, qui ou quoi vous a créé, vous, avec votre intelligence ? (…) Soyez honnête avec vous-même. Pouvez-vous vraiment croire qu’une puissance ou une force aveugle et non intelligente ait pu être à la source de votre propre intelligence et ait pu créer votre intellect ? Rappelez-vous que vous ne pouvez rien créer qui vous soit supérieur. Donc, il ne reste qu’une intelligence supérieure à la vôtre pour avoir créer votre propre intelligence.
Ne vous faites pas injure en prétendant que les extraordinaires pouvoirs créateurs de votre intelligence, de votre raisonnement, de votre logique, de votre volonté et de votre ingéniosité sont un simple produit du hasard.
Arrêtez-vous un instant afin de réfléchir à ce dont nous venons de parler, à l’univers et à tout ce qu’il contient : les étoiles, les planètes, les galaxies, les plantes, les animaux, les êtres humains et leur intellect.
Supposez pendant un instant que vous ayez toute la puissance requise pour créer tout ce que vous désirez. Croyez-vous qu’il vous serait possible de créer tant de beauté, de majesté, de raffinement, de créer des choses d’une telle envergure avec autant de précision et de magnificence par vous-même, seul, sans l’aide de personne ? Rappelez-vous que vous n’avez aucun plan sur lequel vous baser, aucune possibilité de copier. Vous êtes laissé à vous-même…
Croyez-vous qu’il vous serait possible de concevoir approximativement mille milliards de galaxies contenant chacune en moyenne cent milliards d’étoiles, sans plan d’aucune sorte ? Pourriez-vous penser à faire voyager le son à mille cent kilomètres par seconde ? Seriez-vous en mesure de créer chaque type d’atome connu par la science et toutes les particules subatomiques qui les constituent ? Auriez-vous ensuite la capacité de combiner ces atomes dans une myriade d’autres molécules extrêmement complexes et capables de répondre à un nombre incalculable de besoins ?
Vous croiriez-vous capable de concevoir les millions de plantes dont plusieurs sont absolument interdépendantes ? Ensuite, croyez-vous que vous seriez à la hauteur pour créer plusieurs millions d’espèces d’animaux et d’insectes qui, non seulement, sont interdépendants, mais sont dépendants du monde végétal ? Vous croiriez-vous capable en plus de mettre en place toute la nourriture nécessaire afin de soutenir parfaitement les plantes et les animaux pendant toute la durée de l’existence que vous leur auriez attribuée ? Je pourrais continuer ainsi, mais je crois que vous saisissez ce à quoi je veux en venir.
Arrêtez-vous pour penser à ce qui suit. Tout comme vous ne voudriez pas insulter votre intelligence en vous décrivant comme le résultat d’un hasard aveugle, assurez-vous de ne pas insulter Dieu en suggérant que l’univers entier, avec tout ce qu’il contient, soit venu à l’existence entièrement par lui-même. S’il existe des athées ignorants et assez stupides pour affirmer une telle chose, il existe tout de même des gens intelligents et honnêtes pour ne jamais croire une telle folie simplement parce que des personnes dans leur ignorance l’ont affirmé. »
Un scientifique renommé, Fred Hoyle, professeur d’astronomie à l’université de Cambridge avait pour sa part déclaré : « La probabilité qu’une forme avancée de vie émerge de façon aléatoire est comparable à la probabilité qu’apparaisse un Boeing 747 tout assemblé suite au passage d’une tornade dans une cour d’ordures de pièces mécaniques… » [9]
En réalité, la foi en l’existence de Dieu est une certitude enfouie au plus profond de la conscience de tout être humain. Cependant, beaucoup d’individus forcent leur intellect à « étouffer » celle-ci. Ce n’est que dans des situations extrêmes (comme au moment de mourir par exemple) qu’elle arrive à nouveau à se manifester. Combien de fois avons-nous entendu dire que des personnes, au moment où elles ont été confrontées à la mort, ont fait appel à l’aide ou à la protection de Dieu, alors que ces mêmes individus avaient souvent passé leur existence à nier l’existence même d’un quelconque Dieu…
- Croire qu’Il (‘azza wa djalla) est l’Unique Créateur, le Seul Maître Suprême de l’Univers, le Pourvoyeur réel de l’ensemble de la création (Tawhîd oul Khâliquiyah war Rouboûbiyah), et qu’Il est donc également le Seul qui est digne d’être adoré (Tawhîd oul Ilâhiyah wal ‘Ouboûdiyah).
- Tawhîd oul Khâliquiyah war Rouboûbiyah : Allah est le Seul à pouvoir faire exister l’inexistant (al khâliq), à donner la vie et la mort (al mouhy’î wal moumît), à produire à partir de rien (c’est-à-dire sans aucune matière de base, ni modèle, ni moyen et instrument –al badî’ wal mousawwîr). [10] Le Qour’aane énonce :
Ô hommes ! Rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : Existe-t-il en dehors d’Allah, un créateur qui du ciel et de la terre vous attribue votre subsistance ? Point de divinité à part Lui ! Comment pouvez-vous vous détourner [de cette vérité] ?
(Sourate 35 / Verset 3)
Allah est également Celui qui pourvoit aux besoins des créatures (ar râziq), qui veille à la saine croissance et à la complète maturation (al rabb) de chaque élément, dont Il est et reste le Propriétaire Absolu (al mâlik) et le Maître (as sayyid). Il organise et gère l’Univers selon Sa volonté (al moudabbir); celui-ci est complètement soumis à Sa souveraineté et à Son commandement (lahoul houkmou wal amr) :
Louange donc, à Celui qui détient en Sa main la royauté sur toute chose ! Et c’est vers Lui que vous serez ramenés.
(Sourate 36 / Verset 83)
Le rôle de l’Homme dans ce monde est celui d’un simple gestionnaire (khalîfah). Il n’est pas totalement libre d’agir comme bon lui semble envers ce(eux) qui l’entoure(nt)… ni même d’ailleurs envers sa propre personne. Il est tenu, dans son usage de ses facultés physiques et psychiques ainsi que dans la façon dont il se conduit envers les créatures (humaines[11], animales[12],…) qu’il côtoie, de s’attacher à une éthique, de respecter des orientations et des limites qui ont été clairement définies par Son Créateur et Maître, devant Qui il aura d’ailleurs à répondre des devoirs et responsabilités qui lui incombent.
- Tawhîd oul ilâhiyah wal ‘Ouboûdiyah : Allah est le Seul pour qui toutes les expressions d’adoration –ibâdât[13]– doivent être vouées.
Il ne leur a été commandé, cependant, que d’adorer Allah, Lui vouant un culte exclusif, d’accomplir la Salat et d’acquitter la Zakat. Et voilà la religion de droiture.
(Sourate 98 / Verset 5)
C’est sur cette dimension du Tawhîd que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a surtout mis l’emphase en s’adressant aux arabes païens [14]; en effet, comme l’indique le texte coranique, une bonne partie de ces derniers ne remettaient pas en question l’existence d’un Créateur Unique :
Si tu leur demandes : « Qui a créé les cieux et la terre, et assujetti le soleil et la lune ? », ils diront très certainement : « Allah ». Comment se fait-il qu’ensuite ils se détournent (du chemin droit) ?(…) Si tu leur demandes : « Qui a fait descendre du ciel une eau avec laquelle Il fit revivre la terre après sa mort ? », ils diront très certainement : « Allah ». Dis : « Louange à Allah ! » Mais la plupart d’entre eux ne raisonnent pas.
(Sourate 29 / Versets 61 et 63)
Dis : « Qui vous attribue de la nourriture du ciel et de la terre ? Qui détient l’ouïe et la vue, et qui fait sortir le vivant du mort et fait sortir le mort du vivant, et qui administre tout ? » Ils diront : « Allah ! » Dis alors : « Ne le craignez-vous donc pas ? »
(Sourate 10 / Verset 31)
Dis : « A qui appartient la terre et ceux qui y sont ? (Dites,) si vous savez ! » Ils diront : « A Allah. » Dis : « Ne vous souvenez-vous donc pas ? » Dis : « Qui est le Seigneur des sept cieux et le Seigneur du Trône sublime ? » Ils diront : (Ils sont) « A Allah. » Dis : « Ne craignez-vous donc pas ? » Dis : « Qui détient dans sa main la royauté absolue de toute chose, et qui protège et n’a pas besoin d’être protégé ? (Dites,) si vous le savez ! » Ils diront : « Allah. » Dis : « Comment donc se fait-il que vous soyez ensorcelés ? » (au point de ne pas croire en Lui)
(Sourate 23 / Versets 84 à 89)
Néanmoins, ces mouchrikîn considéraient que, pour s’approcher de Dieu, se faire entendre de Lui et obtenir Ses faveurs, ils se devaient de passer par l’intermédiaire de créatures qui partageaient avec le Créateur la gestion de certaines affaires : c’est donc pour cette raison qu’ils rendaient un culte à ces êtres (par le biais par exemple de l’adoration d’objets les représentant, des invocations qui leur étaient adressées, des vœux, serments et sacrifices qui étaient faits en leur nom…). Le Texte Coranique cite en ces termes leurs propos:
C’est à Allah qu’appartient la religion pure. Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent) : « Nous ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent davantage d’Allah. »En vérité, Allah jugera parmi eux sur ce en quoi ils divergent. Allah ne guide pas celui qui est menteur et grand ingrat.
(Sourate 39 / Verset 3)
Châh Walioullâh Ad dahlawi (rahimahoullâh) évoque cette réalité dans un de ses ouvrages et écrit en substance :
« Sache qu’il existe quatre niveaux de Tawhîd :
Le premier consiste à croire qu’Allah est le Seul Dieu et que nul autre que Lui n’est éternel.
Le second porte sur la considération qu’Allah est le Créateur Unique du ‘arch (Trône), des cieux et de la terre et de toutes les choses existantes (al djawâhir)
Les Livres Révélés ne traitent pas de façon approfondie ces deux niveaux du Tawhîd; ni les arabes polythéistes, ni les juifs, ni les chrétiens ne divergeaient pas à ce sujet. Au contraire, le Qour’aane affirme clairement que ces points constituaient des fondements acquis chez eux.
Le troisième (niveau du Tawhîd) consiste à limiter l’organisation et la gestion des cieux et de la terre et tout ce qu’ils contiennent à Allah.
Le quatrième est de croire que nul autre que Lui ne mérite d’être adoré.
Ces deux (dernières) dimensions sont intimement liées entre elles et ne peuvent ainsi être séparées. (…) Et ce sont ces aspects que le Qour’aane traite de façon détaillée et c’est à leur sujet qu’il présente des réfutations exhaustives aux objections soulevées par les polythéistes. »[15]
Ainsi, il ne suffit pas, pour être considéré musulman, de croire en l’existence d’un Unique Créateur ; il est également indispensable de rendre un culte exclusif à Dieu et de Lui réserver toute forme de‘ibâdah (adoration), qu’il s’agisse des expressions liées :
- au cœur (comme l’amour propre à Dieu (al houbb), la crainte révérencielle (al khawf), la sincérité (al ikhlâs), la confiance totale (at tawakkoul)…)
- au verbe (comme l’invocation (ad douâ), la demande d’aide en ce qui concerne les choses qui relèvent exclusivement du pouvoir divin (al istighâthah), les serments (al half)…)
- aux actes physiques (comme la prière rituelle (as salât), la prosternation (as sadjdah), le jeûne (as sawm)…)
- aux dépenses matérielles (comme l’aumône obligatoire (az zakât), le vœu (an nadhr), le sacrifice d’animal (adh dhabh)…)
- Croire qu’Il (‘azza wa djalla) est exempt de tout défaut, de toute faiblesse et qu’Il possède, Seul, les Plus Beaux Noms (Al Asmâ oul Housnâ) qu’Il s’est donné et les Attributs de Perfection (As Sifât oul ‘Oulyâ) qu’Il a affirmé pour Lui-même.
En ce qui concerne les Noms et des Attributs de Dieu, le musulman et la musulmane se doivent de garder à l’esprit que :
- Il est nécessaire de confirmer l’ensemble des Noms et Attributs de Dieu qui ont été communiqués de la part d’Allah, que ce soit dans un Livre Révélé ou par la voix d’un Messager (alayhis salâm). On ne peut se permettre de Lui donner d’autres Noms (asmâ) que ceux qui ont été institués par la Révélation (tawquifiyyah) ; cependant, il est possible de faire usage de certains autres termes (comme al mawdjoûd – l’Existant) pour donner des informations au sujet d’Allah (et non pour Le nommer –bâb ous sifât awsa’ou min bâbil asmâ).
- Allah ne ressemble à aucune de Ses créatures et rien ne Lui ressemble. Il affirme dans le Qour’aane :
Il n’y a rien qui Lui est semblable et Il est Celui qui voit et qui entend.
(Sourate 42 / Verset 11)
(…) à Allah [Seul] est le qualificatif suprême. Et c’est Lui le tout Puissant, le Sage.
(Sourate 16 / Verset 60)
Le seul fait qu’un terme puisse être employé pour qualifier aussi bien le Créateur que la créature n’implique pas une quelconque similitude ou comparaison entre eux au niveau de la réalité exprimée par ce mot : bien évidemment, le terme en question, lorsqu’il sera utilisé au sujet du Créateur, désignera une réalité qui sied à Allah ; et lorsqu’il sera employé pour une créature, il désignera une qualité correspondant à celle-ci. En d’autres mots, ce n’est –par exemple- parce qu’Allah est « Al Hayy » (Il est Vivant) que la vie des créatures ressemble et est comparable à Celle de Dieu : la vie des premiers est éphémère (c’est-à-dire qu’elle est précédée de l’inexistence et elle a également une fin), tandis que la Vie du Créateur n’a ni début, ni fin (elle est Eternelle). De même, le ‘ilm est une qualité commune à Dieu et à Ses créatures : néanmoins, il n’y a aucune comparaison possible entre la Science Divine (qui est Absolue, Eternelle et Parfaite) et la connaissance limitée et infime, acquise et temporaire des créatures.
- Il est nécessaire d’apporter foi aux Noms et Attributs d’Allah tels qu’ils ont été énoncés, sans les altérer ni les vider de leur sens (min ghayri tahrîf wat lâ ta’tîl), sans se prononcer ni même s’interroger sur leur essence et leur « comment » (tafwîdh oul kayfiyah). L’Imâm Mâlik (rahimahoullâh), quand il avait été questionné au sujet de al ‘istiwâ ‘alal ‘arch (l’Etablissement sur le Trône), avait répondu :
« Al istiwâ n’est pas inconnu (c’est à dire le sens de ce terme est connu en langue arabe) ; et le comment (de al istiwâ quand il est employé pour Allah) est inaccessible à la raison (ghayr ma’qoûl). Apporter foi (en al istiwâ) est nécessaire et de poser des questions à ce sujet (c’est à dire sur le comment) est une bid’ah (innovation religieuse). »
(Sounan Ibn Mâdjah – Volume 1 / Page 71)
Après avoir cité ces propos de l’Imâm Mâlik (rahimahoullâh), Moullâ Ali Qâri (rahimahoullâh) affirme que son contenu est en tout point conforme à ce que l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) a écrit dans « Al Fiqh oul Akbar ». Il est à noter par ailleurs que dans ce traité sur la croyance, l’Imâm Abou Hanîfah (rahimahoullâh) insiste sur le fait que le musulman doit se garder d’interpréter les attributs divins, comme la « main d’Allah » par exemple : Il indique ainsi qu’il ne faut pas dire que cet attribut désigne la Puissance ou le Bienfait divin, car cela reviendrai à rejeter (ibtâl) unesifat d’Allah…[16]
- Il faut à tout prix éviter d’attribuer et de reconnaître à autre que Dieu –qu’il s’agisse d’un pieux personnage (waliyoullâh), d’un ange ou même d’un Prophète (fût-il le plus grand d’entre eux)- des attributs qui Lui sont propres, comme l’omniscience, l’omnipotence…
Wa Allâhou A’lam !
(A suivre…)
Note:
[1] L’étude des données scientifiques concernant l’Univers constitue une source inépuisable de signes témoignant de la présence d’un Créateur Parfait et Sublime, qui organise et veille sur Sa création.
[2] Réf : « Tafsîr Ibn Kathîr » – Volume 1 / Page 59
[3] Réf : « Tafsîr Ibn Kathîr » – Volume 1 / Page 59
[4] Réf : « Tafsîr Ibn Kathîr » – Volume 1 / Pages 59 et 60
[5] C’est-à-dire comment expliquer que chacune de ces marques soit unique pour chaque individu ?
[6] Et qui leur permettent d’attirer les insectes dont ils ont besoin pour être pollinisées…
[7] L’horloge atomique, qui compte parmi les outils de mesure du temps les plus précis (avec une marge d’erreur d’une seconde tous les trois milles ans…), utilise justement les périodes de rayonnement (plus de 9 milliards/seconde) du Césium 133…
[8] David C. Pack
[9] Réf : Magazine « Nature » -Vol. 294 / 12 Novembre 1981 – « Hoyle on Evolution » p. 105
[10] L’être humain, pour sa part, ne peut que tenter de reproduire le modèle de la création divine, et ce, en utilisant (par combinaison, transformation…) des éléments existant déjà…
[11] « (…) Ta famille, tes invités, ta personne ont un droit sur toi (…) » avait rappelé le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) à Outhmân Ibn Madh’oûn (radhia Allâhou anhou), lorsque celui-ci avait commis quelques excès dans la réalisation de ses rituels en négligeant ainsi ses autres devoirs… (D’après ce qui est cité dans un Hadith de Aboû Dâoûd, authentifié par Al Albâni)
[12] Ibnou Oumar (radhia Allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) avait ainsi raconté une fois l’histoire d’une femme qui avait été châtiée parce qu’elle avait laissée un chat mourir de faim : non seulement elle ne l’avait pas nourri, mais en sus de cela, elle l’avait gardée attaché et l’avait ainsi empêché de trouver lui-même de quoi manger… (Sens d’un Hadith rapporté par Boukhâri et Mouslim)
[13] Al ‘ibâdah peut être défini comme étant la plus forte expression d’humilité et la plus profonde manifestation de servitude (a’lâ marâtib al khoudhoû wat tadhal-loul) de la part de la créature devant Son Créateur, et ce, par amour et exaltation (houb-ban wa ta’dhîman), à travers l’application de ce qui Lui plait et l’abstinence par rapport à ce qu’il a condamné.
[14] Comme la plupart des autres Messagers (alayhimous salâm) qui ont été envoyés par Allah avant Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) vers des moushrikoûn d’ailleurs…
[15] Réf : « Al ‘aquîdah wal ‘ibâdah was souloûk » – Pages 75-76 ; adaptation d’un passage du « Houdjat oullâhil Bâlighah » – Volume 1 / Pages 59-60
[16] Réf : « Mirqât oul Mafâtîh » – Volume 8 / Pages 251 et 252
- Par Mouhammad Patel
- Le 13 mars 2007