Exégèse du Qour’aane – Sourate N°3 – La famille d’Imran. (3)
Traduction et commentaires des versets 10 et 11.
إِنَّ الَّذِينَ كَفَرُوا لَن تُغْنِيَ عَنْهُمْ أَمْوَالُهُمْ وَلَا أَوْلَادُهُم مِّنَ اللَّهِ شَيْئًا ۖ وَأُولَٰئِكَ هُمْ وَقُودُ النَّارِ (10) كَدَأْبِ آلِ فِرْعَوْنَ وَالَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ ۚ كَذَّبُوا بِآيَاتِنَا فَأَخَذَهُمُ اللَّهُ بِذُنُوبِهِمْ ۗ وَاللَّهُ شَدِيدُ الْعِقَابِ (11)
Traduction explicative des versets :
10- En vérité, ni les biens, ni les enfants des mécréants ne les mettrons aucunement à l’abri vis à vis d’Allah (c’est à dire du châtiment d’Allah ) en ce Jour. Ils serviront de combustibles au Feu.
11- A l’instar des gens de Pharaon et de ceux qui les avaient précédés. Ils avaient traité de mensonges Nos Signes. Allah les saisit alors pour leur péchés. Et Allah est dur dans son châtiment.
Bref commentaire des versets :
Verset N°10 : Au début de la présente Sourate, Allah à d’abord évoqué Son Unicité. Il a ensuite mentionné les noms de certains livres révélés (parmi lesquels figure le Qour’aane), qui expriment tous, sans exception, ce concept du « Tawhid » . Après quoi, allusion était faite à la condition de ceux qui apportaient foi en ce livre et les invocations qu’ils faisaient.
« En vérité, ni les biens, ni les enfants des mécréants ne les mettrons aucunement à l’abri vis à vis d’Allah (c’est à dire du châtiment d’Allah ) en ce Jour.
Dans le présent verset, Allah parle maintenant des infidèles, de ceux qui ne croient pas au Qour’aane. Les commentateurs disent que ce verset fait allusion à un incident qui avait eu lieu lors du voyage qui conduisait les chrétiens de Nadjrân vers Médine. A un certain moment, il s’en est fallut de peu pour qu’Abou Hâritha ne tombe de sa monture. Son frère, Qourz bin Alqamah, qui était présent à ses cotés dit alors : « Qu’il soit perdu ! » (Il faisait pas là allusion au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) « Naoudhou billâhi min dhâlik » ! ) Abou Hâritha le réprimanda pour cela et lui dit: « Je sais que Mohammad (sallallâhou alayhi wa sallam) est réellement un Prophète. » Son frère lui demanda alors pourquoi il n’acceptait pas l’Islam. Afin de se justifier, il évoqua la perte des privilèges et des biens matériels dont il jouissait de la part des puissants et des riches. Son frère dissimula cela jusqu’au moment où il se convertit. C’est alors qu’il raconta ce qui s’était passé.
Ce verset constitue donc un avertissement à l’égard de Abou Hâritha, mais également à l’encontre de tous ceux qui, comme lui, n’acceptent pas la foi pour des intérêts matériels. Allah y évoque le châtiment effroyable qui les attend. On ne peut, en effet, imaginer de peine plus terrible, car non seulement il sera, de nature, extrêmement douloureux, mais en sus de cela, les mécréants ne pourront compter sur aucune forme d’assistance et de secours pour pouvoir s’en sortir.
L’être humain, quand il est confronté à des difficultés ou à un malheur, se replie instinctivement vers deux choses:
Dans un premier temps, il se tourne vers ses biens personnels.
Ensuite, il se tourne vers sa famille et ses enfants.
C’est ainsi que, généralement, par l’intermédiaire d’une de ces deux choses, il arrive à trouver une aide suffisante, sous forme d’un soutien moral, matériel, ou autre, qui lui permet de surmonter l’épreuve, ou tout du moins de le supporter plus facilement.
Mais dans l’Au-delà, il en sera tout autrement pour les mécréants: Comme le rappelle ce passage du Qour’aane, ils s’y retrouveront alors seuls, sans biens, sans famille, sans relation… En de nombreux endroits du Qour’aane, Allah invite l’homme à méditer sur cette perspective, et ce, afin qu’il se ressaisisse, s’amende et ne laisse pas détourner par les intérêts matériels, liés à ce monde.
Au passage on peut aussi ajouter que le principal obstacle qui empêche à l’homme de se rappeler d’Allah est justement l’attachement excessif à ces deux choses: les biens et la famille. Un tel comportement produit au sein de l’individu une certaine assurance en soi et un sentiment d’auto suffisance, qui le détourne progressivement d’Allah.
Ils serviront de combustibles au Feu. » Le verset se termine en rappelant que, dans l’Enfer, les mécréants ne seront pas brûlés par le Feu, mais pire, ils lui serviront de combustibles… Cela est d’ailleurs évoqué dans un autre verset :
« Ô vous qui avez cru ! Préservez vos personnes et vos familles, d’un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres, surveillé par des Anges rudes, durs, ne désobéissant jamais à Allah en ce qu’Il leur commande, et faisant strictement ce qu’on leur ordonne. »
Verset N°11: « A l’instar des gens de Pharaon et de ceux qui les avaient précédés. Ils avaient traité de mensonges Nos Signes. Allah les saisit alors pour leur péchés. »
En réalité, ces mécréants ne font que suivre la voie de leurs ignobles prédécesseurs : Pharaon, et les autres avant lui : les peuples de ‘Ad, Thamoûd… Les Messagers divins sont venus auprès d’eux, les ont montrés la voie de la Vérité. Et à chaque fois, ils ont rejeté tout ce qui leur était apporté comme Signes, Miracles et versets. Pire, ils ont persécuté les messagers. Le résultat a été le même pour chaque groupe: le châtiment divin est venu et ni leur puissance militaire, ni leur force physique, ni leur soutient matériel ne leur ont été d’aucune utilité. Allah évoque ici le fait de « saisir » par son châtiment,: L’idée est de montrer que Son châtiment sera imprévisible et rapide, comme lorsqu’on saisit une proie, on le fait soudainement, sans qu’elle s’attende, ce qui fait qu’elle ne peut s’échapper…
Wa Allâhou A’lam !
Et Dieu est Plus Savant !
- Par Mouhammad Patel
- Le 28 août 2001