Discours prononcé à l’occasion de l’Ide oul Fitr 1425 à Saint-Pierre – Réunion
Mes frères,
Quand nous circulons dans la ville de Saint-Pierre ces derniers mois, il est difficile de trouver une partie de la ville qui ne soit pas en chantier: Si ce n’est pas un bâtiment qui est en train d’être bâti, c’est une portion de la chaussée que l’on rénove… En centre-ville, c’est l’artère principale qui fait peau neuve… Plus bas, ce sont les jardins de la plage…
Bref, depuis plusieurs mois déjà, notre vie à Saint-Pierre est rythmée par les travaux de construction, d’aménagement ou de rénovation du paysage urbain, avec tous les désagréments que cela entraîne. Pour ne pas trop changer d’« ambiance » en ce jour de Ide, nous allons parler encore ce matin d’architecture…
– Suivent alors les nécessaires travaux de finitions: Peinture, carrelage, raccordement aux différents réseaux etc…
– Et enfin, le chantier se termine par les travaux de sécurisation du bâtiment, avec la mise en place des fermetures et des clôtures.
Si j’ai pris le temps de détailler ces quatre étapes essentielles de la construction, c’est pour une raison toute simple: Celles-ci ne sont pas présentes seulement dans les édifices physiques… Nous les retrouvons également dans une autre construction: Un chantier beaucoup plus intime que nous avons tous, autant que nous sommes, l’obligation de réaliser durant notre vie… Il s’agit de l’édification de notre personnalité musulmane. A l’instar de toute construction, celle-ci requiert aussi des fondations, une superstructure, des finitions et des éléments de sécurisation.
L’infrastructure…
At Taqwâ représente le fondement de l’identité spirituelle du musulman… Il y a souvent une confusion qui est faite entre la réalité de la crainte révérencielle d’Allah (at taqwâ) et ses manifestations: Nous considérons ainsi que celle-ci désigne la pratique régulière des actes rituels comme la salât, la zakâte, la récitation du qour’aane, les tasbîh, etc… C’est la raison pour laquelle quand nous constatons qu’un frère ou qu’une sœur est contant(e) dans ses actes d’adoration, nous ne tardons pas à le (la) qualifier de « mouttaqui ». Pourtant, le respect et l’accomplissement des actes rituels de façon correcte et sincère ne sont que des expressions de la Taqwâ et non la Taqwâ elle-même. Celle-ci désigne une réalité bien plus profonde qu’Ibnou Mas’oûd (radhia Allâhou anhou) avait exprimé en ces termes:
« Craindre Allah comme il se doit signifie que l’on se soumette à Lui et qu’on se garde de Le désobéir, qu’on se souvienne de Lui et qu’on ne L’oublie pas, qu’on Lui exprime de la reconnaissance et qu’on ne soit pas ingrat envers Lui. »
En d’autres mots,At Taqwâ, c’est de garder constamment à l’esprit et dans le cœur la présence d’Allah, Sa Toute Puissance, Ses Attributs de Perfection, de sorte à ce que nous fassions toujours attention, avant de dire ou de faire quoique ce soit, que nos actes ou propos ne consistent en rien qui pourrait attirer Son mécontentement ou Sa colère…
La Taqwâ, c’est donc avant tout une disposition du cœur et de l’esprit(at taqwâ hâhounâ (« la crainte révérencielle (de Dieu) se trouve ici ») disait le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) en faisant signe vers son cœur…), qui, progressivement, se manifeste sur le caractère et l’attitude entière de l’individu. Et, comme indiqué précédemment, cette crainte d’Allah a un rôle primordial dans la construction de notre identité spirituelle: C’est elle qui va assurer la stabilité et la fiabilité de ce qui va être bâti au dessus. Cette Taqwâ, elle n’est donc pas requise de la part du croyant uniquement de façon occasionnelle, pendant quelques jours et nuits, ou durant un mois de l’année… C’est une conscience qui doit être présente à chaque instant de la vie, à chaque fois que l’être humain est amené à faire des choix et à prendre des décisions: Et c’est là le sens de l’effort que nous devons mener… Agir pour garder notre Taqwâ éveillée, et la rendre ainsi digne de considération… Imaginez un peu ce que donnerait un édifice dont les fondations ne seraient fiables que pendant quelques dizaines de jours durant l’année… !
Ce n’est pas sans raison que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), mais aussi nos pieux prédécesseurs avaient toujours l’habitude, lorsqu’ils s’adressaient aux musulmans et les conseillaient, de commencer leur propos par une exhortation à l’attachement à la Taqwâ.
La superstructure…
Les actes rituels, comme la salât, la zakât, le jeûne, la récitation du Qour’aane, les invocations etc… et les bonnes actions en général constituent la partie visible et apparente de l’édifice de la personnalité musulmane: Comme dans n’importe quelle construction, c’est de la qualité du travail réalisé au niveau de chacune des parties structurelles que va dépendre la résistance de l’ensemble du bâtiment… Et la qualité des œuvres pies, comme celle des actes rituels, dépend de deux critères: La rectitude et la sincérité.
·Le premier impératif de celui qui veut produire des actes pieux qui soient agréés par Allah est de veiller à ce que, au niveau de la forme, ceux-ci ne constituent pas des bid’âtes (innovations religieuses)(la bid’ah est un péché très grave que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a sévèrement condamné…), mais surtout que ceux-ci soient réalisés suivant la façon qui a été enseignée par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), en respectant les principes et règlements de la législation musulmane. Et pour cela, l’acquisition d’un minimum de connaissance est indispensable à chacun… et ce, aussi bien pour les pratiques rituelles que nous accomplissons régulièrement, comme les ablutions, la salât etc… que pour l’ensemble des actes que nous sommes amenés à réaliser dans notre vie de tous les jours: Au niveau de la nourriture, de la tenue vestimentaire, du comportement, des affaires, des loisirs etc… Il ne s’agit pas pour chacun de devenir savant, mais bien d’apprendre l’essentiel en matière de licite et d’illicite pour ne pas se laisser aller à faire n’importe quoi, n’importe comment. Malheureusement, aujourd’hui, nous avons tendance, dans la pratique du dîn, à nous suffire de ce que nous pensons être juste, de notre compréhension personnelle qui ne repose, au fond, sur rien d’autre que des « on-dit » ou sur notre propre jugement éclairé par des intérêts personnels et non pas par les sources de notre législation… Et c’est ainsi qu’il nous arrive parfois de nous transformer en des apprentis savants quand ce n’est pas en pseudos-mouftis: Nous en arrivons à nous prononcer sur des questions relevant du licite et de l’illicite en droit musulman sans réelle compétence… Et le pire, c’est que nous ne nous contentons pas de « charcuter » les règles divines, nous allons jusqu’à nous donner bonne conscience en avançant des arguments complètement obsolètes. Je sais que ces mots peuvent paraître durs, mais, en tous les cas, ils sont moins terribles que les conséquences que peut provoquer notre attitude irresponsable: De nos jours, avec tous les moyens dont nous disposons pour acquérir la connaissance, nous ne pouvons plus prétexter l’ignorance pour essayer de justifier nos manquements dans nos devoirs religieux.
Bref, ce qu’il est important de retenir, c’est que dans la pratique du dîn comme partout ailleurs, la volonté de bien faire ne suffit pas. Sinon Allah n’aurait pas fait descendre une législation et n’aurait pas envoyé un Prophète pour l’appliquer concrètement et l’enseigner aux autres: Il aurait juste ordonné à chacun de faire ce que sa raison lui montrait comme étant juste et correct… et on serait alors tombé dans le « tout relatif », où n’importe qui se mettrait à faire n’importe quoi pour finalement se retrouver dans une situation de totale anarchie.
Par ailleurs, n’oublions surtout pas que les règles divines s’adressent à tous les musulmans, en tout temps: Et les éventuelles exceptions à ces règles seront elles aussi établies à partir de la révélation divine et non pas de n’importe quelle façon. D’ailleurs, cela ne concerne pas seulement la loi divine, mais toutes les législations humaines également: l’automobiliste qui ne s’arrête pas à un feu rouge à trois heures du matin alors que l’intersection est complètement libre est tout autant coupable d’une infraction devant le législateur que celui qui agit de même à trois heures de l’après midi, en plein trafic…
·Le second impératif pour l’agrément des bonnes actions est que celles-ci soient faites en toute sincérité, dans le but de se rapprocher d’Allah et de conduire l’individu à toujours plus de droiture. Il ne s’agit pas pour le musulman de devenir un « expert du superficiel », qui se focalise uniquement sur l’amélioration de la forme apparente des actions et oublie complètement l’essentiel, en l’occurrence l’objectif pour lequel celles-ci sont faites… En effet, c’est bien ce genre d’attitudes qui conduisent au byzantinisme [1], à cette fâcheuse tendance de s’attacher aux détails quand le plus important est en danger… Développer la sincérité, c’est aussi le meilleur moyen pour rester constant dans ses actes, étant donné que celui qui agit pour Allah en sachant qu’Il est toujours présent ne délaissera pas son action, quelque soit l’époque et le contexte…
Les finitions…
Les qualités intérieures et le bon comportement (akhlâq hasanah) représentent pour leur part les finitions de notre identité de croyant: Exactement comme la peinture, le carrelage etc… valorisent une construction et la rendent fonctionnelle et esthétique, les traits profonds de notre caractère et notre attitude responsable et positive envers les autres ont le même rôle et la même fonction:
·C’est de la noblesse de nos qualités, comme la douceur, la bonté, la chasteté, la pudeur, la patience… que dépendra la beauté des actions que nous produirons.
·C’est la conduite exemplaire que adopterons envers ceux qui nous entourent qui va rendre notre action dans la société efficace. Mieux encore, c’est du respect que nous allons manifester dans l’acquittement de nos devoirs envers autrui -mais aussi de la considération que nous allons témoigner par rapport aux droits de chacun- que va dépendre la crédibilité de notre discours, et donc de la considération qu’on lui accordera et l’attention qu’on nous prêtera. Et cela est particulièrement à retenir dans l’attitude que nous adoptons dans notre famille envers notre épouse et nos enfants…
Cet effort pour réformer son cœur et développer une véritable conscience dans les rapports envers ceux qui nous entourent est d’autant plus essentiel que nous n’y accordons souvent pas l’attention qu’elle mérite. Nous avons couramment tendance à penser qu’être un bon musulman, c’est seulement prier à l’heure, fréquenter régulièrement la mosquée, jeûner souvent, accomplir le hadj, respecter les orientations de la révélation divine au niveau de son apparence physique et de sa tenue vestimentaire… Alors qu’en réalité, s’il est indéniable que le respect des obligations rituelles est très important, celui-ci n’est cependant pas le seul devoir que nous avons en tant que croyant: Un bon musulman, c’est celui qui prie, qui jeûne… mais c’est aussi celui qui n’est pas égoïste ni égocentrique, qui agit toujours en considérant le bien être des autres, qui vient en aide, dans la mesure de ses moyens, à ceux qui sont dans le besoin…
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), notre modèle a tous, avait clairement exprimé le rôle essentiel du bon comportement en disant:
Et de cet enseignement que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a donné à sa communauté justement, nous trouvons des exhortations concernant des attitudes dont l’importance est la plupart du temps minimisée, comme par exemple le fait d’enlever les choses gênantes de la voie publique ou encore de présenter un visage avenant en rencontrant son frère.
Il convient ici d’ouvrir une parenthèse pour rappeler qu’il devient de plus en plus urgent pour les musulmans de prendre conscience de l’importance de leur devoir de fraternité… N’oublions pas que l’édification, le renforcement et le développement de cette oummah à laquelle nous appartenons comptent parmi les axes principaux autour desquels le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et les premiers musulmans ont conduit leur action. Mais il est important de souligner que cette fraternité vers laquelle l’Islam invite, c’est une fraternité qui doit présenter deux caractères essentiels, que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a exprimé à travers deux Hadiths:
1.
La fraternité musulmane se doit d’être active. Cela signifie deux choses:
·Que le musulman n’attende pas qu’on lui tende la main pour témoigner de sa fraternité: Il est toujours prêt à tendre la main le premier.
·Que le musulman doit exprimer et manifester sa fraternité à chaque fois que le besoin s’en fait ressentir, et qu’il ne se cantonne pas aux grands discours sur l’union et la solidarité, mais agit concrètement pour les établir et les matérialiser.
2.
Les croyants sont comme les différentes parties d’un édifice qui se renforcent mutuellement.
La fraternité musulmane doit aussi être profonde et réelle, constructive et responsable… Il ne doit pas s’agir d’une fraternité de façade, de complaisance et complètement vide de sens. Quand les musulmans se donnent la main, ce n’est pas pour des intérêts personnels éphémères, mais c’est bien pour avancer ensemble dans la voie du « toujours meilleur ». Ainsi, quand un musulman constate que quelque chose ne va pas chez son frère, il ne continue pas à lui dire que tout va bien juste pour lui faire plaisir…
C’est lorsque ces deux dimensions sont réunies que la fraternité est digne de ce nom, durable et méritoire. C’est au sujet de ce genre de fraternité que le Prophète disait:
سبعة يظلهم الله في ظله يوم لا ظل إلا ظله إمام عادل وشاب نشأ في عبادة الله ورجل قلبه معلق بالمسجد إذا خرج منه حتى يعود إليه ورجلان تحابا في الله فاجتمعا على ذلك وافترقا عليه ورجل ذكر الله خاليا ففاضت عيناه ورجل دعته امرأة ذات منصب وجمال فقال إنيأخاف الله رب العالمين ورجل تصدق بصدقة فأخفاها حتى لا تعلم شماله ما تنفق يمينه
C’est-à-dire que parmi les sept catégories de personnes qui seront à l’ombre du Trône d’Allah le Jour Final, il y a ceux qui s’aimaient pour Dieu, ils se réunissaient et se séparaient pour cet amour de Dieu qui animait leur fraternité et leur amitié.
La sécurisation…
Comme tout bâtiment qui est construit, l’édifice de l’identité musulmane demande aussi à être sécurisé, et ce, afin de le protéger contre toute sorte d’intrusion non voulue et de mettre ainsi à l’abri tout ce qui s’y trouve. Pour cela, une action à deux niveaux est nécessaire:
– Il faut, d’un côté, veiller soi-même à respecter les limites fixées par Allah, ce qui signifie non seulement de ne pas transgresser les interdictions divines, mais aussi d’éviter de s’en approcher: Il ne faudrait en effet surtout pas se surestimer… Notre Créateur nous connaît bien plus que nous ne pouvons prétendre nous connaître… Et du moment où Il nous a interdit de flirter avec l’interdit, c’est bien parce qu’Il est informé de nos faiblesses… Et, malheureusement pour nous, chaytân également les connaît parfaitement ! Voilà pourquoi ce fourbe ne nous incite pas toujours au mal directement; il nous en rapproche, par le biais des meilleures intentions… et ce, jusqu’à ce qu’il nous fasse basculer dans l’interdit.
– En encourageant, de l’autre côté, les autres à en faire de même, c’est-à-dire en contribuant à la dynamique de réforme sociale, « al amr bil ma’roûf wan nahy ‘anil mounkar »: De cette façon, nous agirons pour atténuer le mal dans la société entière, ce qui facilitera d’autant notre effort de protection pour notre spiritualité à chacun.
Voilà le chantier qui s’offre à nous et que nous devons impérativement réaliser avant de quitter ce monde: Ce n’est pas un chantier d’un jour, ni d’un mois… mais bien de toute une vie. Il est vrai néanmoins que le Ramadhân qui revient chaque année à un rôle de « booster » pour notre œuvre de construction, eu égard des actions qu’Allah Lui-même nous donne l’opportunité de réaliser durant de mois béni: Nous y avons la possibilité de renforcer notre Taqwâ avec le jeûne; de multiplier nos actes rituels et nos œuvres pies; d’exprimer notre générosité et témoigner ainsi de notre attitude positive, et, « cerise sur le gâteau », il nous est plus facile de sécuriser ce que nous construisons durant le Ramadhân étant donné que l’action de chaytân y est fortement restreinte. Mais il ne faut pas pour autant se leurrer: Le peu que nous pouvons édifier avec l’aide et la grâce divine pendant ce laps de temps n’est pas définitif… Chaque jour qui passe amène son lot d’atteintes contre les différents aspects de la structure de notre identité spirituelle: Chaque mauvaise action en affaiblit les fondations; chaque acte non sincère ou incorrect créé une brèche dans l’édifice; chaque mauvais comportement a ses conséquences, de même que chaque moment d’insouciance. Comme le rappelle très justement Ibn Qayyim (rahimahoullâh), chaytân est tellement fourbe qu’il arrive à pousser celui qui a si patiemment construit son édifice à détruire ce dernier de ses propres mains… Et étant donné que le croyant n’est pas suffisamment vigilant, chaytân arrive bien trop souvent:
– à le pousser à mécontenter Son maître afin de contenter des gens comme lui… qui ne peuvent rien pour lui;
– à remplacer sa quête pour le dîn par la recherche effrénée des biens et des richesses;
– à le rendre avide de ce monde alors que celui-ci le fuit chaque instant qui passe;
– à le rendre insouciant de l’au-delà alors que celui-ci se rapproche chaque seconde un peu plus;
– à s’inquiéter sans cesse de ce qui lui a été garanti (c’est à dire son « rizq », sa part de subsistance matérielle) en le détournant de ce qui lui a été ordonné;
– à le rendre triste par la perte de ses biens et insensible à la perte du paradis;
– bref, en un mot, à le faire douter de ce qui est certain et à croire en ce qui ne l’est pas;
D’où la nécessité pour le croyant qui veut mener à bien l’édification de son identité spirituelle de faire preuve de responsabilité et de rigueur, de volonté et de sincérité, mais aussi de constance et de vigilance… plus particulièrement maintenant que le Ramadhân est terminé, en gardant à l’esprit que c’est Allah et non le temps que nous adorons.
Gardons également à l’esprit que, dans ce chantier que nous avons à réaliser pour construire notre personnalité musulmane, il y a un paramètre essentiel qui nous est inconnu: Il s’agit du temps qui nous a été imparti pour le mener à son terme. Profitons donc au mieux de chaque souffle de vie qu’Allah nous accorde… Qui sait si nous serons-nous encore vivant demain matin pour voir le soleil se lever… ou même ce soir, pour voir le soleil se coucher…
- Par Mouhammad Patel
- Le 29 novembre 2006