Discours prononcé à la mosquée de Saint-Pierre au début du mois de Rabi’oul Awwal 1427
Le Mois de Rabi’oul Awwal qui vient tout juste de débuter est une période où les musulmans ont l’habitude d’évoquer la sîrah du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam), les détails concernant son physique, sa personnalité et son action.
Pour ne pas déroger à cette tradition, nous allons nous focaliser au cours de cette présente intervention sur une très grande qualité du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam). Cette qualité, Aïcha (radhia Allâhou anhâ) en parle dans une Tradition en ces termes :
alayhi wa sallam), c’était le Qour’aane »
Que nous apprend ici Aïcha (radhia Allâhou anhâ) ? Elle affirme que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) était le Coran personnifié… que le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) ne s’est pas contenté de transmettre aux Hommes un texte révélé de la part d’Allah… qu’il (sallallâhou alayhi wa sallam) ne s’est pas limité à énoncer des doctrines, des orientations spirituelles, des normes éthiques, des obligations rituelles… Il a fait bien plus que cela : Il a matérialisé de façon parfaite et exemplaire, par son action, l’ensemble des enseignements du Qour’aane. En d’autres mots, il y avait une parfaite cohérence et une adéquation totale entre ses propos et ses actes. Et force est de reconnaître que, dans son jugement à l’égard du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), Aïcha (radhia Allâhou anhâ) n’a fait preuve d’aucune exagération et qu’elle a été au contraire d’une honnêteté et d’une probité exemplaires : Pour que vous puissiez en juger par vous-même, je vous propose de revenir une série de Ahâdîth qui présentent justement quelques enseignements importants du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam). Et, pour chacun de ces
Hadith, nous verrons ensuite quelle a été l’attitude du Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) concernant ce qu’il (sallallâhou alayhi wa sallam) a conseillé ou ordonné.
§ Le premier Hadith que je vous propose concerne la salât… Djâbir (radhia Allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a dit :
Par ces propos, et par des centaines d’autres Ahâdîth de ce genre, le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a clairement mis l’emphase sur l’importance fondamentale de la prière dans la pratique religieuse du musulman : Il est tout à fait inconcevable quequelqu’un prétende adhérer à l’Islam s’il ne prie pas. Voilà l’essence du
discours prophétique concernant la salât. Et quelle a été la pratique du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) à ce niveau ? En étudiant sa sîrah, on constate que, non seulement il a constamment pratiqué ses prières obligatoires, même au plus fort de sa dernière maladie, mais qu’en sus de cela, il (sallallâhou alayhi wa sallam) a prié bien plus que ce qui était requis de la part des autres musulmans : Il (sallallâhou alayhi wa sallam) a ainsi toujours accompli le qiyâm oul layl (prière de la nuit) pendant plusieurs heures. Et s’il lui arrivait de manquer cette salât, il (sallallâhou alayhi wa sallam) la remplaçait la journée.
§ Le second Hadith que je tiens à citer est en rapport avec l’aumône : Vous savez combien le Messag(sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a exhorté avec insistance les musulmans à se séparer d’une partie de leurs biens pour les offrir aux nécessiteux, dans le seul but de plaire à Allah. Dans un Hadith rapporté par Adiy ibn Hâtim (radhia Allâhou anhou), il (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) dit :
Là encore, l’Histoire atteste qu’il (sallallâhou alayhiwa sallam) ne s’est pas cantonné au simple discours. Il a joint le geste à la parole. Ibnou Abbas (radhia Allâhou anhou) témoigne :
Fait encore plus remarquable : Même si Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a lui-même vécu dans des conditions très modestes (Aïcha (radhia Allâhou anhâ) affirme dans un Hadith en substance que durant toute sa vie, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) n’a jamais mangé à satiété du pain et de la viande deux fois dans une même journée (Tirmidhi)… Et Ibnou Abbâs (radhia Allâhou anhou) raconte pour sa part qu’il arrivait que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et sa famille dorment pendant plusieurs nuits consécutives sans avoir quoique ce soit à manger pour le dîner. (Tirmidhi)), c’était une réalité très connue au sein des Compagnons (radhia Allâhou anhoum) que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne repoussait jamais quelqu’un qui venait lui demander quelque chose. (Sahîh Boukhâri)
§ Venons-en à présent à un troisième enseignement prophétique :
Le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) a constamment insisté auprès des Compagnons (radhia Allâhou anhoum) sur les vertus de se souvenir d’Allah le plus souvent possible : Une fois, à un compagnon (radhia Allâhou anhou) qui lui avait demandé une pratique religieuse à laquelle il pourrait s’attacher fermement, il (sallallâhou alayhi wa sallam) a répondu :
Pour ce qui est de sa pratique personnelle à ce niveau ? Prenez un livre de douas et vous verrez qu’à chaque action que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) initiait, il faisait une dhikr spécifique. Et ce n’est pas tout : Il (sallallâhou alayhi wa sallam) avait également l’habitude de faire un nombre considérable de tasbîh durant la journée : Dans un Hadith, il (sallallâhou alayhi wa sallam) affirme par exemple qu’il (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) faisait le istighfâr une centaine de fois quotidiennement.
§ Un autre exemple extraordinaire de la cohérence du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) se situe au niveau de ses injonctions concernant le devoir pour tout musulman de faire preuve d’honnêteté. Dans un Hadith, il (sallallâhou alayhi wa sallam) lance une sévère mise en garde en ces termes :
Et, en termes d’honnêteté, il est difficile de trouver quelqu’un ayant atteint le statut du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Il (sallallâhou alayhi wa sallam) était tellement loyal et intègre que, même ses pires ennemis ne perdaient jamais confiance en lui : Au moment de la hidjrah, il est bien connu que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a laissé Ali (radhia Allâhou anhou) chez lui avec notamment la responsabilité de restituer à des païens de Makkah leurs dépôts. Ces mêmes mecquois qui était en train de comploter pour attenter à sa vie et qui étaient en opposition ouverte contre lui depuis plus d’une décennie avaient, malgré tout, tellement confiance en son intégrité qu’ils ne lui ont, à aucun moment, demandé de leur restituer leurs biens.
§Un dernier exemple : Il (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a très sévèrement condamné le ribâ.
A une occasion, il (sallallâhou alayhi wa sallam) a invoqué carrément la malédiction d’Allah sur celui qui prend l’intérêt, celui qui le donne ainsi que ceux qui contribuent directement à la réalisation d’un contrat à intérêt : Le scribe et les témoins… (Mousnad Ahmad)
Tel a été son propos. Quant à son action à ce niveau, on peut en être témoin lors du Pèlerinage d’Adieu lorsqu’il proclame :
Les exemples de ce genre, nous pouvons en trouver des centaines en étudiant scrupuleusement la vie du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam). Mais comme indiqué au début, l’essentiel, à travers notre humble intervention, était de montrer que Aïcha (radhia Allâhou anha) n’exagérait en aucune façon quand elle disait que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) était le Qour’aane personnifié. Ces propos de l’épouse bien-aimée du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) constituent probablement le plus beau témoignage de sa perfection : En effet, les enseignements coraniques étant parfaits, l’être qui les matérialise ne peut que posséder, d’un point de vue humain bien évidemment, une qualité similaire…
En guise de conclusion, je voudrai rappeler un dernier Hadith. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit :
L’attachement pour le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) fait ainsi partie de notre foi. Mais on ne peut apprécier et aimer le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) si on ne le connaît pas (véritablement…) : D’où l’importance d’étudier de façon rigoureuse et constante (et pas seulement durant quelques jours par an, lorsqu’arrive le mois de Rabi’ oul Awwal) savie (la sîrah) et ses propos (la sounnah et les Ahâdîth)….