Question: Plusieurs sourates du Qour’aane commencent par des sigles assez particuliers: Connaît-on leur sens ?
Réponse: Concernant le sens et l’usage des sigles qui sont placés au début de certaines Sourates (29 Sourates, pour être précis) du Qour’aane, sigles appelés communément dans la terminologie islamique « Hourouf Mouqatta âtes » (littéralement « les lettres détachées »), on trouve des études relativement complètes dans les écrits de l’Imâm Djalâlouddine As Soyoûti r.a. (dans son célèbre « Ouloûm oul Qour’aane », Volume 2 / Pages 8 et suivantes), de l’Imâm Qourtoubi r.a. (Tafsîr Qourtoubi – Volume 1), de l’Imâm Razi r.a. (Tafsîr Kabîr – Volume 1- « Djouz 2 » / Pages 3 à 12) et de l’Imâm Ibné Kathîr r.a. (Tafsîr Ibné Kathir – Volume 1 / Pages 36 et suivantes)…
Ce qui ressort de ces différents exposés à ce sujet, c’est qu’il y a deux attitudes qui ont, depuis toujours, été observées de la part des savants à ce sujet:
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La première attitude (c’est celle qui fait notamment la préférence de As Soyoûti r.a., Al Qourtoubi r.a. et Ibné Kathîr r.a., parmi les commentateurs les plus connus du Qour’aane), consiste à considérer que ces sigles comptent parmi les « Moutachâbihâtes » (versets ambigus) du Qour’aane, dont Allah est le Seul à connaître le véritable sens et la signification réelle, conformément à l’exégèse généralement admise du passage suivant du Qour’aane:
« C’est Lui qui a révélé sur toi le Livre : il s’y trouve des versets dont la signification est fermement établie, qui sont la base du livre et d’autres versets ambigus qui peuvent prêter à diverses interprétations. Quand à ceux dont les cœurs ont une inclinaison (vers l’égarement), ils suivent ce qui est équivoque, cherchant la dissension et en quête d’interprétation. Alors que nul n’en connaît l’interprétation à part Dieu. Et ceux qui sont enracinés dans la science disent : » Nous y apportons foi ! Tous (les versets) émanent de notre Seigneur. » Et seul les doués d’intelligence se rappellent (c’est à dire réfléchissent). »
(Sourate 3 / Verset 7)
(Certains savants admettent la possibilité qu’Allah ait informé le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) du sens de ses sigles, en lui empêchant cependant de transmettre cette connaissance à sa communauté… De toute façon, comme le salut et la guidée du croyant ne dépendent nullement du sens de ces sigles, le fait que cela reste un secret pour nous ne nous pose aucun problème au niveau de notre foi et de nos doctrines.)
Cette attitude serait celle adoptée par la majorité des savants: C’est ce qui ressort clairement des écrits de l’Imâm Qourtoubi r.a. dans son « Tafsîr ». Selon lui, cet avis était celui d’éminents Tabéines, tels que Âmir Ach Cha’bi r.a. (de qui Ibn oul Moundhir r.a. rapporte les propos suivants: « Chaque Livre (divin) contient un secret, et le secret du Qour’aane, ce sont les signes initiant (certaines) Sourates. »), Soufyân Ath Thawri r.a. … mais aussi d’illustres Compagnons (radhia Allâhou anhoum), tels que Abou Bakr (radhia Allâhou anhou), Ali (radhia Allâhou anhou), ainsi que Oumar (radhia Allâhou anhou), Ousmân (radhia Allâhou anhou), Ibné Mas’oûd (radhia Allâhou anhou) (au travers d’un rapport de Aboul Layth As Samarqandi r.a.)…
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La seconde attitude consiste à avancer certaines hypothèses pour tenter d’expliquer ces sigles: Mais il est à noter que ce genre d’hypothèses ne sont que des tentatives d’explication et d’interprétation, et en aucun cas l’expression du sens réel de ces sigles de façon catégorique et définitive…
Voici les principales suppositions avancées:
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Selon un groupe de savants, ces lettres seraient les abréviations de certains mots ou expressions: Par exemple, on rapporte de Ibné Abbas (radhia Allâhou anhou) que « A.L.M. » (alif lâm mîm – Sourate 2 / Verset 1) signifierait « Je Suis Allah le Plus Savant » (« Ana Allâhou A’lamou »). (Cette interprétation, ainsi que de nombreuses autres de ce genre sont rapportés par As Soyoûti r.a. : « Al Itqân » – Volume 2 / Page 9 – Voir aussi « Tafsîr Qourtoubi » – Volume 1)
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Selon d’autres, ces lettres seraient des Noms d’Allah (avis rapporté notamment de As Souddi r.a., et attribué, entre autres, à Ibnou Abbas (radhia Allâhou anhou), Ibnou Mas’oûd (radhia Allâhou anhou) et Ali (radhia Allâhou anhou)). (Réf: « Al Itqân » et « Tafsîr Kabîr » de l’Imâm Râzi r.a. – Volume 1-« Djouz » 2 / Page 6)
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Saïd Ibnou Djoubaïr r.a. affirmait pour sa part que ces lettres représentaient en fait des parties de Noms Divins: Ainsi, mis bout à bout, « A.L.R » (alif lâm râ – Sourate 11 / Verset 1), « H.M » (hâ mîm – Sourate 41 / Verset 1) et « N » (noûn – Sourate 68 / Verset 1) donnent le Nom « Al Rahmân » (Le Tout Miséricordieux).(Réf: « Tafsîr Kabîr)
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Un rapport de Qatâdah r.a. présent dans le « Moussannaf Abdoul Razzâq » indique que ces sigles seraient en fait différents noms du Qour’aane. (« Al Itqân »)
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Des oulémas sont d’avis que ces lettres seraient extraites de certains mots: Ainsi, il est rapporté de Ibné Abbas (radhia Allâhou anhou) toujours, au sujet de « A.L.M. », que le « A » désignerait Allah, le « L » désignerait Djibraïl (alayhis salâm) et le « M », Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)… (Réf: « Tafsir Quourtoubi »)
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Al Mâwardi r.a., entre autres, rapporte de Zaïd Ibnou Aslam r.a. que ces lettres seraient des noms de Sourates. (Réf: « Al Itqân » et « Tafsîr Kabîr »)
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D’autres ont envisagé la possibilité que ces lettres auraient une signification numérique, vu que chaque lettre de l’alphabet arabe a une valeur numérique et servirait ainsi à indiquer certaines dates. Mais Ibné Kathîr r.a. rejette cette hypothèse et la considère comme infondée. (Tafsîr Ibné Kathîr – Volume 1 / Page 38)
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Pour certains (Al Farrâ r.a., entre autres), ces lettres constituraient un message de la part d’Allah visant à faire réaliser aux hommes le caractère grandiose et miraculeux du Qour’aane, qui, malgré le fait qu’il est composé de simples lettres de l’alphabet arabe, est d’une éloquence et d’une splendeur inimitables… (« Al Itqân » – Volume 2 / Page 11 et « Al Qourtoubi »).
Voici donc les principales hypothèses avancées à ce sujet.
Wa Allâhou A’lam !
Et Dieu est Plus Savant !