Le darss du Tarâwîh (2)


Nombreux sont les versets du Qour’aane et les Ahâdîth qui indiquent, de façon implicite ou explicite, que ce monde dans lequel nous évoluons est un espace d’épreuves, un dâr al ibtilâ. L’un des versets qui a été récité au cours de la salât out tarâwih d’hier soir compte justement parmi ces passages coraniques. Allah dit :

وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنْفُسِ وَالثَّمَرَاتِ 

« Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. »

 (Sourate 2 / Verset 155)

Dans cette vie présente, chacun de nous est donc amené à un moment ou à un autre à être éprouvé… Et, comme il ressort de l’énumération faite dans le passage coranique cité, le plus souvent, cette épreuve se manifeste par la présence des difficultés suivantes :

  • la crainte, résultant notamment du risque de préjudice de la part d’un opposant ou, de façon plus générale, de l’insécurité ambiante;
  • la faim, pouvant résulter par exemple du manque de nourriture ou de l’augmentation des coûts des aliments suite par exemple à des inondations ou à des périodes de sécheresse;
  • la diminution des biens, pouvant être liée à des problèmes d’ordre économique (chômage,…) ou autres (actes de vandalisme, vols…);
  •  les préjudices d’ordre physique (blessures, maladies,…);
  • la perte d’un enfant (c’est cette interprétation que l’Imâm Ach Châféï (rahimahoullâh) a donné au terme « thamarât » (fruits));

Comment le croyant se doit-il de réagir face à ces inévitables épreuves ? La suite du verset l’indique :

وَبَشِّرِالصَّابِرِينَ

Allah ordonne à son Messager (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) (mais aussi à toute autre personne qui est en mesure de le faire) d’annoncer la bonne nouvelle à ceux qui, face aux épreuves, feront preuve de sabr(endurance et patience). Ceux-là pourront s’attendre à une récompense extraordinaire, comme Allah le dit lui-même ailleurs dans le Qour’aane :

إِنَّمَايُوَفَّى الصَّابِرُونَ أَجْرَهُمْ بِغَيْرِ حِسَابٍ

« les endurants auront leur pleine récompense sans compter »

(Sourate 39 / Verset 10)

Reste alors une question essentielle : comment faire pour accéder au groupe des sâbirîn ? La suite du passage coranique récité ce soir nous apporte un début de réponse…

الَّذِينَ إِذَا أَصَابَتْهُمْ مُصِيبَةٌ قَالُوا إِنَّا لِلَّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعُونَ

Allah relate ici les propos que tiennent les sâbirîn lorsqu’ils sont confrontés à une épreuve. Ils disent alors :« Innâ lillâh wa innâilayhi râdji’oûn – C’est à Dieu que nous appartenons et c’est vers Lui que nous retournerons. »

Si nous voulons développer en nous cette précieuse qualité qu’est le sabr, il faut déjà apprendre à relativiser la valeur des choses de ce monde, et ce, en gardant à l’esprit que :

  •  Allah est Notre Maître et Notre Seigneur à tous – innâlillâh. Tout ce à quoi nous pouvons être attachés (notre sécurité, notre bonne condition matérielle, notre santé, nos proches, …) ne vient que de Lui. En conséquent, Allah est en droit de nous reprendre, quand Il le veut, n’importe lequel de ces éléments qu’Il nous a Lui-même accordé… et ce, d’autant plus que, dans ce monde, rien n’est fait pour durer éternellement.
  • Les seuls éléments qui s’inscrivent dans la durée et la permanence sont ceux qui sont liés à l’Autre monde, un monde vers lequel nous nous dirigeons tous inéluctablement – innâ ilayhi râdjioûn : et là-bas, aucun atome de bien que nous aurons fait ici-bas ne sera perdu… Et les fruits de l’endurance dont avons pu faire preuve dans cette existence présente seront tels, Incha Allah, qu’ils nous feront oublier définitivement toutes les difficultés que nous avons pu vivre.

Profitons de ce mois béni de Ramadhân pour cultiver en nous le sabr : le jeûne constitue justement un excellent entraînement à cet effet. Et n’oublions pas d’avoir une pensée pour tous nos frères et sœurs qui, pendant ce mois béni, vivent de terribles épreuves… que ce soit au Pakistan, en Tchétchénie, en Palestine… ou n’importe où ailleurs.

Qu’Allah leur vienne en aide et nous fasse tous miséricorde. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !

(Inspiré notamment des Tafâsîr de Ibn Kathîr (rahimahoullâh) et de Qourtoubi (rahimahoullâh))

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