Islam, Imân et Ihsân : Les trois clés du succès…


عن عُمَرَ بنِ الخطَّابِ رَضِيَ اللهُ عَنْهُ ‏‏ ‏قَالَ ‏ ‏بَيْنَمَا نَحْنُ عِنْدَ رَسُولِ اللَّهِ ‏ ‏صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ ‏ ‏ذَاتَ يَوْمٍ إِذْ طَلَعَ عَلَيْنَا رَجُلٌ شَدِيدُ بَيَاضِ الثِّيَابِ شَدِيدُ سَوَادِ الشَّعَرِ لَا يُرَى عَلَيْهِ أَثَرُ السَّفَرِ وَلَا يَعْرِفُهُ مِنَّا أَحَدٌ حَتَّى جَلَسَ إِلَى النَّبِيِّ ‏ ‏صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ ‏ ‏فَأَسْنَدَ رُكْبَتَيْهِ إِلَى رُكْبَتَيْهِ وَوَضَعَ كَفَّيْهِ عَلَى فَخِذَيْهِ وَقَالَ يَا ‏ ‏مُحَمَّدُ ‏ ‏أَخْبِرْنِي عَنْ الْإِسْلَامِ فَقَالَ رَسُولُ اللَّهِ ‏ ‏صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ ‏ ‏الْإِسْلَامُ أَنْ تَشْهَدَ أَنْ لَا إِلَهَ إِلَّا اللَّهُ وَأَنَّ ‏ ‏مُحَمَّدًا رَسُولُ اللَّهِ ‏ ‏صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ ‏ ‏وَتُقِيمَ الصَّلَاةَ وَتُؤْتِيَ الزَّكَاةَ وَتَصُومَ رَمَضَانَ وَتَحُجَّ ‏ ‏الْبَيْتَ ‏ ‏إِنْ اسْتَطَعْتَ إِلَيْهِ سَبِيلًا قَالَ صَدَقْتَ قَالَ فَعَجِبْنَا لَهُ يَسْأَلُهُ وَيُصَدِّقُهُ قَالَ فَأَخْبِرْنِي عَنْ الْإِيمَانِ قَالَ أَنْ تُؤْمِنَ بِاللَّهِ وَمَلَائِكَتِهِ وَكُتُبِهِ وَرُسُلِهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَتُؤْمِنَ بِالْقَدَرِ خَيْرِهِ وَشَرِّهِ قَالَ صَدَقْتَ قَالَ فَأَخْبِرْنِي عَنْ الْإِحْسَانِ قَالَ أَنْ تَعْبُدَ اللَّهَ كَأَنَّكَ تَرَاهُ فَإِنْ لَمْ تَكُنْ تَرَاهُ فَإِنَّهُ يَرَاكَ قَالَ فَأَخْبِرْنِي عَنْ السَّاعَةِ قَالَ مَا الْمَسْئُولُ عَنْهَا بِأَعْلَمَ مِنْ السَّائِلِ قَالَ فَأَخْبِرْنِي عَنْ ‏ ‏أَمَارَتِهَا ‏ ‏قَالَ أَنْ تَلِدَ الْأَمَةُ ‏ ‏رَبَّتَهَا ‏ ‏وَأَنْ ‏ ‏تَرَى الْحُفَاةَ الْعُرَاةَ ‏ ‏الْعَالَةَ ‏ ‏رِعَاءَ الشَّاءِ ‏ ‏يَتَطَاوَلُونَ ‏ ‏فِي الْبُنْيَانِ قَالَ ثُمَّ انْطَلَقَ فَلَبِثْتُ ‏ ‏مَلِيًّا ‏ ‏ثُمَّ قَالَ لِي يَا ‏ ‏عُمَرُ ‏ ‏أَتَدْرِي مَنْ السَّائِلُ قُلْتُ اللَّهُ وَرَسُولُهُ أَعْلَمُ قَالَ فَإِنَّهُ ‏ ‏جِبْرِيلُ ‏ ‏أَتَاكُمْ يُعَلِّمُكُمْ دِينَكُمْ رواهُ مُسْلِمُ

Traduction explicative :

Oumar (radhia Allâhou anhou) dit: Un jour, alors que nous étions auprès du Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam), un homme aux vêtements d’une blancheur éclatante et aux cheveux très noirs nous apparut. On ne voyait sur lui aucune trace de voyage et (pourtant,) aucun d’entre nous ne le connaissait. Il s’assit face au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), appuyant ses genoux contre les siens et posant ses deux mains sur ses deux cuisses et il dit : « Ô Mouhammad ! Informe moi au sujet de l’Islam. » Le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) répondit : « L’Islam consiste à ce que tu témoignes qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah et que Mouhammad est le Messager d’Allah, que tu accomplisses parfaitement la salât, que tu t’acquittes de la zakâte, que tu jeûnes (durant le mois de)Ramadhân et que tu fasses le pèlerinage de la Maison (Sacrée) si tu as les moyens de t’y rendre. » Il (le visiteur) dit : « Tu as dit vrai. » Nous fumes étonnés par son attitude : Il le questionnait avant de confirmer ses dires… L’homme poursuivit en ces termes : « Informe moi au sujet de l’imân. » Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) répondit : « (L’imân consiste) à ce que tu apportes foi en Allah, en Ses anges, en Ses livres, en Ses Messagers, au Jour Dernier et que tu croies à la prédestination avec ses (aspects) de bien et de mal. » Il répliqua : « Tu as dit vrai. » Puis il ajouta : « Informe moi au sujet de l’ihsân (l’excellence). » Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit : « (L’ihsân consiste) à ce que tu adores Allah comme si tu Le voyais, car si toi tu ne Le vois pas, Lui te voit. » Il continua : « Informe moi au sujet de l’Heure. » Il (sallallâhou alayhi wa sallam) répondit : « Le questionné n’en sait pas plus à ce sujet que celui qui interroge. » Il dit : « Alors informe moi au sujet de ses signes (annonciateurs). » Il (sallallâhou alayhi wa sallam) répondit : « (L’Heure surviendra lorsque) la servante engendrera sa maîtresse, que tu verras les va-nu-pieds, dénudés, miséreux, gardiens de troupeaux rivaliser (en hauteur) dans les constructions. » Oumar (radhia Allâhou anhou) raconte : Puis il partit. Je restai un instant (ainsi, sans savoir de qui il s’agissait…) Puis, il (sallallâhou alayhi wa sallam) me dit : « Ô Oumar ! Sais-tu qui était celui qui (m’) interrogeait ? » Je dis : « Allah et Son Messager savent mieux. » Il (sallallâhou alayhi wa sallam) dit :« C’était djibraïl. Il est venu à vous pour vous enseigner votre dîn (religion). » (Rapporté par Mouslim)

Commentaires :

Ce Hadith, désigné sous le nom de « Hadîth Djibraïl », a été qualifié de « Oummous Sounnah » par certains oulémas. Ainsi, un peu à l’image de la Sourate oul Fâtiha qui réunit les principaux thèmes du message coranique, cette Tradition présente de façon très synthétique les domaines fondamentaux concernés par l’enseignement prophétique et religieux, en l’occurrence :

-Les doctrines et les croyances, à travers la question de l’imân.-Les prescriptions et autres devoirs, par le biais de la question concernant l’islam.-L’élévation spirituelle, à travers la question portant sur l’ihsân.

C’est bien la combinaison de ces trois dimensions qui composent l’ensemble de notre dîn. Si on comparait ce dernier à un arbre, la foi et les doctrines en représenteraient les racines et le tronc, les actes pourraient y être comparés aux branches, tandis que la sincérité et la dévotion seraient à l’image des fruits qui valorisent l’ensemble de la plante.

Après cette présentation sommaire du contenu de ce Hadith, voyons un peu plus en détail les précieux enseignements que l’on peut y retirer :

-La première chose qui est à souligner, c’est l’attitude troublante de Djibraïl (alayhis salâm) lorsqu’il vient questionner le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Celle-ci a pour but notamment de dissimuler au mieux son identité réelle – il va d’ailleurs parvenir à son objectif, à tel point que même le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne va pas le reconnaître jusqu’à ce qu’il soit reparti. Ses actes et ses propos vont d’ailleurs intriguer au plus haut point les Compagnons (radhia Allâhou anhoum) :

– Ainsi, il est propre et arrive en marchant; ce qui suppose qu’il est de la ville de Médine.

– Pourtant, personne dans l’assemblée présente ne le connaît; c’est donc un étranger.

– Lorsqu’il arrive et s’adresse au messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam), il lui pose des questions : Ce qui laisse supposer qu’il est venu apprendre.

– Par la suite cependant, il confirme la réponse qu’il a obtenue : Ce qui signifie qu’il savait déjà.

– Certains de ses gestes laisse supposer qu’il est un bédouin (il passe par-dessus les épaules, il demande sans cesse à s’approcher encore plus, il pose ses mains sur les genoux du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), il l’interpelle par « yâ mouhammad ») tandis que d’autres indiquent qu’il est bien éduqué (sa façon de s’asseoir en arrivant avec les mains posées sur ses genoux, sa salutation présentée à tous ceux qui sont présents, sa façon d’interpeller « yâ rassoûloullâh » parfois).

Son attitude aura finalement pour conséquence d’attirer et de retenir l’attention des personnes présentes, ce qui va leur permettre de bien suivre et écouter bien l’échange qui va avoir lieu…. Ce n’est pas pour rien que Oumar (radhia Allâhou anhou) est en mesure de donner des détails exceptionnels et remarquables concernant cet incident plusieurs années plus tard.

La première question qui est posée au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) concerne l’Islam. Littéralement, ce terme signifie « soumission ». C’est ainsi que dans le Qour’aane, Allah affirme :

Désirent-ils une autre religion que celle d’Allah, alors que se soumet à Lui, bon gré, mal gré, tout ce qui existe dans les cieux et sur terre, et que c’est vers Lui qu’ils seront ramenés ?
(Sourate 3 / Verset 83)

Dans le vocabulaire religieux, être musulman signifie d’accepter la servitude complète face à l’enseignement que Dieu a révélé par l’intermédiaire de Ses Messagers et d’accepter ainsi de bâtir son existence autour de Son obéissance totale, conformément à ce qui a été prescrit. Allah dit dans le Qour’aane : « Votre Seigneur est Unique; soumettez-vous donc à Lui. » Ailleurs, on lit : « Qui peut être meilleur que celui qui a soumis son être à Dieu. » A vrai dire, l’être humain qui aspire au succès n’a d’autre choix que d’accepter cette soumission : « Celui qui cherche une voie autre que celle de l’Islam, celle-ci ne sera jamais acceptée de lui (…) »A chaque époque, ceux qui suivent et apportent foi au Prophète (alayhis salâm) qui leur a été envoyé sont des « mouslimoûn » (musulmans). A notre époque, les seuls méritant ce titre sont ceux qui croient et se soumettent face au message apporté par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam).

Bref, l’essence profonde et l’âme même de l’appartenance à l’Islam consistent en une totale soumission face à l’autorité divine. Cependant, chaque Prophète et Messager (alayhis salâm) qui a été envoyé avec une législation et une voie à suivre a également présenté à son peuple et sa communauté un certain nombre d’actes physiques essentiels qui constituent autant de piliers de cette religion révélée. Ces rituels ont plusieurs fonctions :

-Ils constituent d’abord des expressions perceptibles de la soumission requise de la part de chacun.

-Ils sont également d’excellents moyens pour alimenter la spiritualité, et par conséquent, ladite soumission.

-Ils représentent enfin des signes visibles qui permettent de distinguer aisément ceux qui accepté de faire de l’Islam leur mode de vie de ceux qui ont refusé cela.

Dans le message ultime de l’Islam qui a été révélé par le biais du Messager Final, ces piliers sont au nombre de cinq; il s’agit de ce que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) présente en répondant à la question de Djibraïl (alayhis salâm), en l’occurrence :

-Le témoignage de reconnaissance de l’unicité d’Allah et de la mission prophétique de Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), qui est un rituel verbal.

-La pratique rigoureuse de la salât, qui est un rituel physique.

-Le respect du jeûne du Ramadhân, qui est un rituel physique également.

-L’acquittement de la zakât, qui est un acte d’adoration accompli par les biens matériels.

-L’accomplissement du pèlerinage à Makkah, qui est un rituel combinant l’effort physique aux dépenses financières.

Il est important de souligner que ces rituels sont les plus importants de l’Islam -d’où leur comparaison avec des piliers soutenant l’édifice que représente notre religion dans certains Hadiths- mais ils ne représentent en aucune façon les seules obligations du musulman, comme en témoignent notamment les Hadiths suivants :

Abdoullâh ibn Amr (radhia Allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: « Le véritable musulman est celui dont les autres musulmans sont à l’abri de sa langue et de sa main. »

Abdoullâh ibn Oumar (radhia Allâhou anhou) rapporte pour sa part qu’un homme questionna le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) en ces termes : « Quelle est le meilleur islam ? » Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) répondit : « Que tu donnes à manger, que tu salues par le salâm ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas. »

On rapporte également du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) qu’il a dit : « L’abandon par l’homme de ce qui n’a pas d’intérêt pour lui relève de la perfection de son Islam. »

De même, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) nous a enseigné que l’abstinence contre les actes illicites et prohibés fait partie intégrante de l’Islam… Nawwâs ibn Sam’ân (radhia Allâhou anhou) rapporte ainsi que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit en ce sens :

Allah vous présente la parabole d’une voie droite, qui est entouré de deux murs où s’ouvrent des portes recouvertes par des rideaux. Au tout de début de la voie, il y a quelqu’un qui lance cet appel : « Ô les gens ! Entrez tous sur la voie et ne vous en écartez pas. » Lorsque quelqu’un désire aller ouvrir l’une de ces portes, un autre lui lance cet appel du milieu de la voie : « Malheur à toi ! Ne l’ouvre pas; car si tu le fais, tu y entreras ! » La voie, c’est l’Islam. Les deux murs, ce sont les limites fixées par Allah. Les portes ouvertes, ce sont les choses interdites. Celui qui lance l’appel à l’entrée de la voie, c’est le Livre de Dieu et celui qui lance l’appel en son milieu, c’est le conseiller de Dieu qui se trouve dans le cœur de chaque musulman.
(Mousnad Ahmad – Authentifié par Al Albâni)

On constate dans ce Hadith que le fait de rester éloigné des interdits a été présenté comme un impératif essentiel pour celui qui veut suivre la voie de l’Islam avec constance.

(A suivre, Incha Allâh)
Wa Allâhou A’lam !
(Adaptation française d’une partie de l’œuvre de Cheikh Mandhoûr An Nou’mâni (rahimahoullâh), intitulée « Ma’ârif oul Hadîth – Tous droits réservés.)
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