L’un des bienfaits les plus précieux qui nous a été accordé par Allah est le temps… Malheureusement, autant ce bienfait divin est d’une grande valeur, autant la considération que nous lui portons (généralement) en matière d’évolution et de progression spirituelle est minime…
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) exprimait, il y a de cela plus de 14 siècles, cette réalité en ces termes :
« Il y a deux bienfaits au sujet desquels beaucoup de gens sont trompés: (Il s’agit de) la santé et le temps libre. »
(Rapporté par Boukhâri).
Ce qui contribue à donner toute son importance au temps, en sus du fait qu’on ne pourra jamais interrompre son cours et que, à ce titre, chaque heure, chaque minute et chaque seconde qui s’écoule est unique et revêt donc une valeur inestimable, il y a surtout le fait que chacun et chacune d’entre nous a été investi d’une mission en cette vie présente et cette mission doit nécessairement être menée à bien dans un cadre temporel limité… limite que, notons-le au passage, personne ne peut prétendre connaître. C’est la raison pour laquelle, en tant que croyant qui avons conscience de nos responsabilités, nous ne pouvons nous permettre le luxe de rester inactifs et de faire preuve d’insouciance dans l’accomplissement des devoirs qui sont les nôtres. En d’autres mots, si nous ne voulons pas faillir dans la mission qui nous a été confiée de la part de Notre Créateur, qui consiste à préparer notre vie future en suivant les Commandements divins et en adhérant à l’enseignement du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), il nous faut absolument apprendre à gérer intelligemment notre si précieux temps, en faisant usage de chaque instant dont nous disposons pour agir en bien… N’oublions jamais que le cadre temporel qui nous a été imparti pour l’accomplissement de nos devoirs envers Allah et envers nos semblables peut arriver à son terme à n’importe quel moment et de différentes façons…
C’est ce que nous rappelle le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dans un Hadith que nous devrions tous méditer profondément…
Abou Houreïra (radhia Allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit (en ce sens) :
« Empressez-vous de faire de (bonnes) œuvres avant que ne surviennent sept obstacles… Attendrez-vous que ne survienne une pauvreté qui vous (préoccupe tellement qu’elle vous) pousse à l’oubli, ou une richesse qui corrompe, ou une maladie qui réduit à l’impuissance, ou une vieillesse qui vous rende sénile, ou une mort soudaine, ou la (venue de l’) Antéchrist, un mal dont la venue est inéluctable, ou l’Heure… et l’Heure est plus terrible et plus amère. »
(Rapporté par Tirmidhi qui le qualifie de Hadith « Hassan Gharîb » – La chaîne de transmission contient un rapporteur, Mouharriz (ou Mouharrar) Ibné Hâroûn, que les spécialistes de la science des Hadiths considèrent comme n’étant pas fiable – Cheikh Albâni r.a. a recensé ce Hadith parmi les Traditions de faible authenticité – Voir « Dhaïf oul Djâm' » – Le Hadith est également rapporté, entre autres, par An Nasaï et Al Hâkim avec une autre chaîne de transmission, ce qui permet son utilisation dans le domaine des vertus et de l’exhortation. Wa Allâhou A’lam !)
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) interpelle donc ici les croyants et les met en garde contre un certain nombre de situations face auxquelles chaque individu risque, à un moment ou à un autre, d’être confronté… Et lorsque ce moment arrivera, il sera trop tard pour agir…
Revenons rapidement sur ces éléments que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) évoque et qui sont autant d’obstacles potentiels pour chacun d’entre nous :
La pauvreté qui pousse à l’oubli : La pauvreté en elle-même n’est pas un châtiment et n’est pas synonyme de malheur… Ce qui importe, c’est la réaction et le comportement adopté lorsqu’on est éprouvé par celle-ci. Ainsi, si la pauvreté préoccupe tellement l’esprit, au point de faire oublier à l’homme l’essentiel, ce qui doit représenter ses priorités suivant les exigences de sa foi, dans ce cas, elle constitue un obstacle pour l’accomplissement spirituel du croyant… et en ce sens, cette pauvreté lui porte préjudice en le privant de sa liberté d’agir en bien dans l’acquittement de ses devoirs religieux. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) insiste donc pour que l’on s’empresse de multiplier les bonnes œuvres avant que l’on ne soit éprouvé de la sorte.
La richesse qui corrompe : Là encore, l’Islam ne condamne pas la richesse en elle même… C’est lorsque celle-ci pousse l’homme à développer un sentiment d’orgueil et de suffisance, le conduisant ainsi progressivement à se rebeller face aux Commandements divins, c’est à ce moment que la richesse devient un mal : C’est cette notion qui est exprimée dans le Hadith.
La maladie qui réduit à l’impuissance : La Tradition évoquant l’importance du bienfait que représente la santé a été citée plus haut. Malheureusement, ici encore, comme c’est le cas pour de trop nombreux bienfaits dont nous jouissons de la part d’Allah, c’est lorsqu’on le perd qu’on réalise toute sa valeur… Lorsqu’on est éprouvé par la maladie, ce n’est pas vraiment la volonté de bien agir qui manque : C’est plutôt la force physique de concrétiser cette volonté qui fait défaut…
La vieillesse qui rend sénile : Avec l’âge, les facultés physiques et psychiques déclinent progressivement, comme Allah l’évoque dans le Qour’âne : « Allah vous a créés ! Puis Il vous fera mourir. Tel parmi vous sera reconduit jusqu’à l’âge le plus vil, de sorte qu’après avoir su, il arrive à ne plus rien savoir. Allah est, certes, Omniscient et Omnipotent. » (Sourate 16 / Verset 70) Cette dégradation a également pour conséquence de limiter la liberté d’action, ce qui diminue d’autant l’opportunité de faire de bonnes œuvres.
La mort soudaine : La mort, qui marque le terme du temps qui nous a été alloué pour mener à bien notre mission en ce monde, est, parmi tous les éléments que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) mentionne, celui que personne ne pourra éviter… Et après celle-ci, seules les bonnes œuvres que l’on aura eu la présence d’esprit et l’opportunité de faire durant notre vivant nous seront profitables Incha Allah, qu’il s’agisse d’une aumône perpétuelle, d’une science bénéfique que l’on aura enseignée ou d’un enfant pieu que l’on aura laissé derrière soi et qui priera en notre faveur…
L’Antéchrist : La venue de « Ad Dadjâl », annoncée par tous les Prophètes à leurs peuples respectifs, représente certainement la plus grande « Fitnah » (trouble) que les hommes auront à affronter. Comme cela nous a été annoncé par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), Dadjâl parcourra la terre en proclamant sa divinité et réalisera des prodiges… Il demandera aux gens d’apporter foi en lui et quiconque le fera sera perdu. A ce moment également, l’opportunité de faire de bonnes œuvres et d’agir en bien sera considérablement réduite.
L’Heure : Limite ultime par excellence… Ouvrons les yeux et regardons autour de nous: Les signes annonçant sa venue et qui ont été énumérées par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) se succèdent de plus en plus vite…
En méditant sur ces différents éléments que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a mentionné, et qui ont comme point commun entre eux leur imprévisibilité, on ne peut que réaliser la nécessité de se conformer à l’injonction que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) nous donne au tout début du Hadith: Il n’y a pas de temps à perdre… Agissons dès maintenant et empressons-nous de multiplier nos œuvres pies. Ne faisons pas le jeu de Satan en remettant à plus tard ce que l’on peut faire…ce que l’on doit faire maintenant : Qui sait s’il y aura un « plus tard » ?